UMMOAELEWE

Hommes de la Terre :

Le 5 mai 1965, deux de nos correspondants en Allemagne et trois aux Etats Unis, ont reçu un rapport rédigé en termes semblables à celui que nous avons l'honneur de vous remettre par l'intermédiaire de ces feuilles dactylographiées.

Comme tout au long de ces derniers mois, vous et cinq hommes d'Espagne et de France (1), nous avez suggéré, par téléphone, l'envoi de notes qui résument l'histoire de notre arrivée sur la planète Terre, nous avons cru intéressant de vous faire un résumé des premières vicissitudes endurées par le premier groupe explorateur arrivé de notre Planète jusqu'à la Terre.

PREMIER CONTACT AVEC LA PLANETE TERRE

Deux ans avant le 28 mars 1950 (années terrestres), nous captâmes une émission radioélectrique de très faible niveau de fréquence (413,43877 Mégacycles par seconde).

La durée des signaux captés fut infime : 6,38 minutes, et étaient composées d'impulsions courtes et d'impulsions longues(nous avons su par la suite qu'il s'agissait du Morse). Mais nos techniciens l'interprétèrent comme un code binaire (point = zéro, trait = un). Cette erreur provoqua une traduction incorrecte du message car de nombreuses interprétations étant possibles, la plus correcte et la plus cohérente semblait être l'expression analytique de l'équation qui représente mathématiquement quatre points orthogonaux sur un plan. C'est à dire : Un carré.

C'est pour cela que la présumé Planète d'où étaient issus les signaux fut baptisée avec le mot OYAGAA dont la traduction est astre froid du carré. Il nous fut facile de situer le point approximatif d'où était partie l'émission ( en utilisant notre Système de référence de Coordonnées Galactiques). L'étoile naine, votre soleil, d'où provenait le signal était parfaitement visible: . De plus nous étions certains qu'au moins quatre Planètes tournaient autour de celui-ci.

La première correspondait à Neptune, la Seconde à Saturne, la troisième à Jupiter et la quatrième, à cause d'une erreur compréhensible dans nos calculs, correspondait au groupe formé par Vénus et Mercure, car l'existence de tels astres froids était seulement déductible en fonction des altérations observées sur votre soleil.

A partir de notre planète, il est impossible de contempler optiquement un astre froid de cette magnitude à plus de 6 années lumière.

Jusqu'alors on n'avait pas fait attention à votre soleil, tout simplement parce que l'on n'avait jamais reçu de ce point le moindre signal d'ondes électromagnétiques ou gravitationnelles ce qui fait que nos spécialistes présumaient l'inhabitabilité de ce groupe planétaire.

La nouvelle fut reçue avec intérêt par notre communauté et avec surprise par nos techniciens; l'étape suivante fut de spéculer sur les rares données non exemptes de larges marges d'erreur autour de la probabilité de chacune de ces quatre planètes citées de ce système planétaire, de présenter des possibilités d'identification avec le récent centre émetteur, baptisé planète du carré.

Nos spécialistes en spéculant sur la raison de l'émission du message se référant à cette figure géométrique, supposèrent qu'il obéissait à la simple raison d'employer un code interplanétaire à base de figures géométriques simples.

Nos techniciens avaient calculé les masses probables de ces quatre planètes:

On pouvait donc écarter les trois premières Planètes dont la masse paraissait excessive pour abriter les êtres biologiquement humains. Les températures de celles-ci (comme on a pu le vérifier par la suite) ne paraissaient pas non plus être les plus aptes pour le développement biogénétique des êtres pluricellulaires.

Comme vous avez pu le constater tout au long des paragraphes précédents, les erreurs de nuances en analysant l'épisode de réception de ce message furent assez graves.

En arrivant sur Terre, nous avons eu conscience de toutes ces erreurs compréhensibles. En premier lieu, nous avons pu éclaircir la véritable origine du signal. Il ne s'agissait pas, comme nous le croyions, d'un message interplanétaire envoyé par une civilisation Terrestre, mais d'un fragment de conversation codifié envoyé par un navire de nationalité Norvégienne qui, entre le 4 et le 8 février 1934 avait émis ce message quand il se dirigeait vers Terre Neuve.

Des scientifiques de cette nationalité experts en électronique, appelée alors TSF, essayaient des équipements de haute fréquence pour démontrer la viabilité des communications par réflexion ionosphérique. (A ce moment-là vous ne connaissiez par encore des techniques qui sont maintenant familières aux ingénieurs terrestres). Une partie du signal arriva par hasard jusqu'à notre Planète. L'émission mit 14 ans pour arriver sur Ummo, car les ondes électromagnétiques se propagent selon une géodésique.

Immédiatement notre Ummoaelewe ( nous appelons ainsi notre Conseil au Gouvernement Central composé de quatre personnes) ordonna la mise en place d'études pour l'exploration directe de ce système planétaire.

PREMIERES ARRIVEE A PROXIMITE DE LA TERRE.

Le 7 janvier 1949, après l'exploration de Neptune et de Mars par nos frères à bord de deux de nos vaisseaux, ceux-ci arrivent à proximité d'une nouvelle planète pourvue d'une atmosphère beaucoup plus dense que celle enregistrée sur l'astre antérieur. La première exploration fut réalisée en orbite hélicoïdale sur une trajectoire elliptique dont la périgée était distante de 337 kilomètres de la Terre et l'apogée de 398 kilomètres.

Durant l'exploration de Neptune nous avions déjà reçu une grande gamme d'émissions radioélectriques en provenance de la Terre qui avaient attiré notre attention sur votre planète. La présence d'être intelligents sur celle-ci était donc évidente. Aucune autre source d'émission ne fut identifiée et l'on en déduisit raisonnablement que le reste des planètes du système solaire n'avait pas de formes biologiques intelligentes ou tout au moins dotées de techniques développées. Le programme strict d'examen de cette planète habitée commença à être mis en application.

Afin d'être en mesure de fuir rapidement nous effectuâmes des reconnaissances à vitesse élevée, ce qui nuisit à la qualité de nos observations.

Il semblait évident que l'astre du carré, dont les signaux électromagnétiques avaient été enregistrés sur Ummo était précisément celui que nous étions en train d'analyser (je m'explique au pluriel en me référant à mes frères car moi j'étais sur Ummo).

PREMIER EXAMEN VISUEL DE L'ECORCE TERRESTRE PAR NOS FRERES.

Les masses nuageuses abondantes à cette date sur le continent américain et sud asiatique, nous empêchèrent d'observer avec netteté le réseau dense de communications ( identifié par la suite comme pistes et voies ferrées alors qu'une première identification erronée avait fait penser à des canalisation tubulaires). Ceci nous permit d'évaluer par une première estimation votre degré de civilisation technique (nous n'avons plus depuis longtemps de réseaux routiers). Un premier engin volant fabriqué par vous fut détecté à proximité d'un archipel que nous avons par la suite identifié comme étant les îles Bahamas. L'image fut agrandie dans le laboratoire de bord et ses caractéristiques morphologiques furent analysées, ce qui nous donna des indications sur le niveau de votre technologie.

Pendant que nous effectuions cette analyse nous descendîmes à proximité d'une zone correspondant au sud-ouest de la République Helvétique Suisse. Nous captâmes des images des centres urbains et industriels ainsi que des réseaux ferroviaires, des concentration de la flore. Nous enregistrâmes des images de structures flottantes sur l'océan Atlantique et nous effectuâmes des analyses de la composition atmosphérique aux différentes latitudes. Nous conservons encore comme curiosité historique l'image obtenue de la ville de Montreux (Suisse) sur laquelle on voyait les premiers individus humains captés par nos équipements. La mauvaise qualité de l'image n'empêcha pas de collecter des données sur votre morphologie et votre façon de vous habiller. Des problèmes liés à la façon dont nous effectuions nos voyages nous empêchèrent de prolonger cette étude. Pas une seule fois nos vaisseaux ne prirent contact avec l'écorce terrestre.

ANALYSE SUR UMMO DES ECHANTILLONS RECUEILLIS SUR TERRE

Notre société accueillit cette identification de votre civilisation avec émotion.

Nos techniciens se consacrèrent immédiatement à un examen soigneux des éléments objectifs obtenus (échantillons d'air, images optiques, phonèmes captés par voie radioélectrique) ainsi que des rapports subjectifs produits par les frères qui composaient cette première expédition.

Il était nécessaire de nous forger, avec des faits abondants mais sans doute insuffisants, une première image de votre structure sociale et de votre degré de civilisation. La conception primitive que nous nous forgeâmes alors est bien éloignée de notre vision actuelle. Mais je désire vous la décrire à titre de curiosité. Les erreurs furent nombreuses.

En premier lieu nous disposions de trois images montrant des êtres humains. La première et la plus complète montrait des individus de sexe différent déambulant entre des constructions. L'analyse soigneuse, même si elle empêchait de distinguer les traits faciaux, n'offrait pas de doute d'identification sexuelle grâce à la localisation des seins féminins sur quelques silhouettes. Mais il était impossible de distinguer de petits détails dans l'habillement. Nous découvrîmes également que les femmes se caractérisaient par l'abondance de leur pilosité crânienne ( bien qu'il puisse s'agir d'une quelconque coiffure fibreuse ).

Nous fûmes déconcertés lorsque nous constatâmes que certaines femmes, identifiables par la présence de leur poitrine, se couvraient les jambes comme les hommes. Ceci fit naître une polémique parmi nos frères, quant à la détermination du sexe à partir de l'habillement. Cette analyse était très importante car ceux de nos frères sélectionnés pour se déplacer jusqu'à la Terre, devaient être pourvus de vêtements semblables à ceux des terrestres pour passer inaperçus.

Il ne nous fut pas possible de déterminer leur composition (nous ne sûmes pas s'il s'agissait de tissus fibreux jusqu'à notre arrivée) et les détails essentiels de leur confection.

Le choix de la zone la plus apte pour la prise de contact fit l'objet d'un débat. Il devait s'agir d'une zone peu peuplée, mais non désertique, afin de réaliser un contact prudent avec les habitants. Nous sélectionnâmes donc des régions semi sauvages. Nous ignorions à cette époque si les hommes de la Terre vivaient dans des "fourmilières" souterraines.

Sur Ummo seules les installations à caractère industriel sont situées à l'air libre. Nous habitons des maisons qui peuvent s'escamoter sous terre. Il existent des planètes où la population se concentre en grandes colonies souterraines. En était-il de même pour la planète Terre ? Nous identifiâmes donc vos maisons à des installations à caractère industriel.

Nous fûmes très intrigués par les tuyères verticales qui émergeaient de la plupart des constructions et qui expédiaient dans l'atmosphère des fumées de couleur sombre. L'analyse spectrale des gaz émis, et qui révéla la présence d'oxydes du carbone, de goudrons et d'hydrocarbures nous plongea dans la stupeur.

Nous imaginâmes que les terriens ne pouvaient pas vivre dans une atmosphère composée uniquement d'oxygène et d'azote et que son enrichissement avec les substances précitées était une mesure indispensable à votre survie. Ceci nous emplit d'inquiétude car nous pensions aux effets qu'un tel environnement gazeux artificiel pourrait avoir sur nous.

Une fois arrivés sur Terre, comme nous vous le raconterons plus loin, notre hypothèse fut corroborée en vous voyant avec ces cylindres de tabac que nous avons interprété au début comme des générateurs de gaz pour la respiration. Cependant nous constatâmes que certains individus en étaient dépourvus, de même que les enfants.

Le choix du point d'atterrissage fut l'objet de vives discussions parmi nous. En effet, en choisissant un lieu apparemment désert nous pensions que nous pourrions très bien tomber juste au dessus d'une concentration d'habitations souterraines et subir les attaques de leurs habitants.

L'étude détaillée des images correspondant à divers aéronefs nous donna un indice de votre niveau technique. Quelques uns avaient encore une traction aérodynamique par hélice. Nous avons examiné soigneusement les soudures réalisées entre les couches de métal (nous ne savions pas encore qu'il s'agissait d'un alliage d'aluminium) et les structures de quelques mécanismes auxiliaires de ces aéronefs.

Il y eu un élément qui nous fit concevoir une idée totalement aberrante par rapport au réseau social terrestre. On avait enregistré plusieurs centaines d'émissions radioélectriques provenant de nombreux points de cette planète, dans une gamme de fréquences très étendue.

Nous constatâmes avec surprise ce que nous interprétâmes comme une énorme multiplicité linguistique. Nos spécialistes en techniques acoustique, classèrent ces différentes "langues" en effectuant des corrélations entre les différents phonèmes.

Notre attention fut fortement attirée par le fait qu'une grande partie des émissions, dans la gamme des longueurs d'ondes métriques, présentaient la même structure binaire (impulsions courtes, impulsions longues) que celle du message initialement capté à partir de Ummo.

Comment communiquiez-vous entre vous ? Nous conclûmes que les habitants de la planète Terre devaient utiliser une multitude de langages pour les communications locales, alors qu'ils utilisaient un langage unique, à l'échelle planétaire, basé sur une alternance de signaux courts et longs, dont le code nous restait indéchiffrable. Plus tard nous constatâmes que cette hypothèse était naïve puisque votre code Morse sert en fait de véhicule à de nombreuses langues. Pour compliquer encore plus le panorama, nous avions capté aussi des émissions vidéo de Télévision et nous ignorions que de telles fréquences étaient porteuses d'une image.

Comme nous les interprétions acoustiquement et qu'en plus toutes celles enregistrées provenaient d'Amérique du nord, nous avons pensé que dans cette zone on parlait trois langues dont la dernière (signaux vidéo ) n'avait pas la moindre ressemblance avec les autres.

Cette anarchie linguistique, s'ajoutant au constat que les techniques, les équipements et les constructions, sur votre planète, variaient considérablement d'une région à l'autre, nous plongèrent dans la perplexité. Il fut impossible de dégager un panorama cohérent de ce que pouvait être la civilisation Terrestre. Par contre les analyses de votre atmosphère, réalisées en de nombreux points, montrèrent que nous pourrions nous déplacer sur votre sol sans avoir systématiquement besoin d'utiliser des équipements auxiliaires de respiration.

Nous décidâmes de doter les expéditionnaires de systèmes permettant de purifier l'eau, au cas où celle-ci aurait contenu des sels toxiques, peut-être assimilables par le Terriens, mais pas par nous.

Au cas où nous aurions été attaqués par vous, nous nous serions défendu. Si nous étions détectés et identifiés de manière non violente, nous avions prévu de tenter un contact officiel. Mais nous espérions avant pouvoir passer inaperçus, sans toutefois y croire beaucoup. Nous avions projeté de construire un observatoire souterrain dans une zone rurale

Même sur ce point nous nous sommes trompé comme nous le verrons plus loin, car nous nous sommes aperçu avec stupeur qu'il était parfaitement possible de nous mélanger à vous sans provoquer d'étonnement.

Sur notre planète le programme des préparatifs fut mis en œuvre. Les personnes qui composeraient cette première expédition furent soigneusement sélectionnées.

Parmi les six retenues, il y avait seulement deux femmes. Tous apprirent de longs fragments des différents "langages" captés, tout en en ignorant totalement la signification. Les expéditionnaires purent examiner tout le matériel informatif capté et se familiarisèrent avec les formes des multiples végétaux dont les images étaient les plus nettes de la flore terrestre aperçue.

Ces information de base étaient en vérité peu de choses pour quelques hommes qui allaient être confrontés à un monde inconnu.

LA DESCENTE SUR TERRE DE NOS PREMIERS FRERES.

Parmi les six personnes qui partirent la première fois pour cette planète on comptait

- Un spécialiste de biologie, âgé de 31 ans terrestres, chef des expéditionnaires. Actuellement il gère l'ensemble des contacts entre notre planète et la Terre.

- Un expert en psychologie, alors âgé de 18 ans terrestres. C'est le seul membre de cette première expédition qui se trouve toujours sur votre planète.

- Un experte en physique de la structure de la matière, âgée alors de 18 ans terrestres.

- Un spécialiste en communication, âgé de 78 ans terrestres.

- Un sociologue âgé de 22 ans. Celui-ci décéda sur Terre le 6 novembre 1957 e Yougoslavie, au cours d'un accident. Nous ne pûmes récupérer son corps.

- Une experte en pathologie du système digestif, âgée de 32 ans.

Je me souviens encore des images que j'observais sur l'écran hémisphérique de mon domicile, montrant trois de nos nefs, de forme hémisphérique, partant en direction de la planète Terre.

En ce qui concerne le moment le plus favorable pour le départ, là aussi nous n'eûmes pas beaucoup de chance. On prévoyait la possibilité que quelques XEE (années de Ummo ) plus tard, les conditions isodynamiques pourraient être exceptionnellement favorables. (Effectivement, en 1952, nous aurions pu arriver sur Terre en réalisant le voyage en moins de deux mois, grâce au fort plissement hyperspatial qui se produisit à cette époque ).

Mais la probabilité que de telles conditions se reproduisent fut évaluée avec un niveau de probabilité trop faible pour que les décisions de départ soit retardée.

Les expéditionnaires portaient un message avec des instructions complexes, susceptibles d'être transcrites rapidement, que le Conseil Général de Ummo destinait au conseil ou au chef des habitants de cette Planète, pour le cas où les terrestres intercepteraient nos frères.

Cette lettre, imprimée sur une lame d'acier inoxydable portait une série d'images idéographiques, représentant des attitudes et des gestes humains, combinés avec des figures géométriques et des chiffres en système binaire.

L'interprétation de son contenu par les experts en philologie et en sémantique terrestre n'aurait pas été difficile en permettant ainsi la première communication de nos expéditionnaires avec ce que nous supposions être le gouvernement général de la planète Terre ( à l'image de la structure politique de notre propre planète ).

L'équipement qui devait être transporté par le groupe expéditionnaire était complexe mais compact.

Nous ne connaissions pas complètement la valeur des paramètres biogénétiques de votre planète, réglant le développement biogénétique et la morphologie des animaux et des végétaux. Le développement biogénétique planétaire n'est en effet pas dû au simple hasard, bien que celui-ci joue un certain rôle au niveau du développement des gènes.

Ce qui fait que la forme et la structure physiologique des espèces variera considérablement d'une planète à l'autre, d'autant plus si la constitution cellulaire de l'être vivant est simple.

Ainsi, non seulement les espèces de virus filtrants de Ummo sont totalement différentes de celles de la Terre, mais même au niveau des animaux pluricellulaires complexes, il est presque impossible de trouver de grandes analogies avec les espèces connues terrestres.

Parmi ces paramètres on compte :

L'accélération de la Gravité,

Le taux d'ozone dans l'atmosphère

L'intensité de radiation Gamma,

La pression et la composition de l'atmosphère

Le spectre du rayonnement solaire,

Les effets de marées dus au planètes et satellites voisins.

L'état électrostatique de l'atmosphère.

L'intensité des courants électriques d'origine tellurique.

etc...

Nantis de ces informations et connaissant l'abondance des éléments chimiques présents dans l'écorce planétaire on peut prévoir les grandes lignes de l'orientation évolutive du vivant, indépendamment d'autres facteurs comme par exemple les radiations mutagènes et le phénomènes de sélection naturelle.

Ces données revêtent une très grande importance lorsqu'il s'agit d'analyser la possibilité d'un voyage interplanétaire. Leur acquisition ne peut s'effectuer qu'à travers une laborieuse étude "in situ".

S'ils n'ont pas ces données, les explorateurs foulant le sol d'un planète inconnue risquent de subir les agressions de germes infectieux, s'ils ne sont pas totalement isolés de ce nouvel environnement à l'aide d'un scaphandre.

Nos équipements protecteurs sont différents des scaphandres que vous utilisez pour vos sorties dans l'espace ou vos explorations et sous-marines.

L'individu est doté d'un nouvel épiderme plastique qui permet la transpiration en empêchant en même temps l'infiltration à travers ses pores d'agents chimiques et biologiques.

Au préalable on dispose, près des orifices naturels, une série de dispositifs ayant des fonctions adaptées aux nécessités de chaque organe. Ainsi: des capsules placées dans les fosses nasales fabriquent de l'oxygène et de l'azote à partir de la transmutation du carbone pur.

L'anhydride carbonique est capté par le même dispositif et décomposé en éléments de base. Carbone et oxygène sont transmutés (terme incorrect), le premier avec une libération énergétiques qui est utilisée pour le réchauffement de l'épiderme.

Les yeux et le bouche sont convenablement protégés. Ainsi les premiers sont équipés avec un système optique composé par des lentilles de gaz qui, contrôlées par un ordinateur, permettent l'adéquation de la vision, aussi bien dans un milieu atmosphérique que dans le vide des espaces sidéraux.

Un double tube qui conduit à un équipement situé dans la région lombaire, se termine par un dispositif assujetti à la lèvre inférieure.

Le tube est doté, à l'intérieur, de cils mécaniques qui mettent doucement en mouvement des capsules qui contiennent divers aliments concentrés. Ces capsules, de section elliptique, sont protégées par une très mince pellicule gélatineuse, soluble dans la salive. Un signal transmis d'une manière codée par la paupière ( en ouvrant et en fermant celle-ci un nombre codé de fois) pousse différentes capsules jusqu'à la bouche pour l'alimentation de l'explorateur. L'autre conduit transporte un sérum nutritif avec différentes concentrations régulées. L'eau nécessaire est obtenue en grande partie par recyclage de la propre urine de l'individu (après un processus d'élimination de sels, une purification intégrale et un durcissement de l'eau chimiquement pure par des carbonates.)

Les oreilles sont pourvues de transducteurs acoustiques excités par un émetteur récepteur fonctionnant par ondes gravitationnelles, qui permettent aux membres du groupe d'échanger de courts messages.

Les messages ou conversations d'une certaine durée se réalisent presque toujours par voie télépathique.

Une sonde est introduite dans le rectum, au travers de l'anus, et recueille les matières fécales préalablement traitées par un courant turbulent d'eau à 38°C terrestres. Un dispositif fixé sur les fesses assure la succion des matières fécales.

Celles-ci sont alors décomposées en éléments chimiques de base. Une partie de ceux-ci est gazéifiée et transmutée en oxygène et hydrogène qui serviront pour obtenir synthétiquement de l'eau, sous forme liquide, qui compensera les pertes dues à la transpiration. Le reste de ces éléments est transmuté en hélium qui sera expulsé à l'extérieur sous forme gazeuse.

Une fois tous ces dispositifs mis en place dans de tous de petites volumes sur l'épiderme de l'individu nu, on pulvérise sur la peau des aérosols divers. tous forment une fine pellicule élastique qui constitue un véritable épiderme protecteur. Le sujet jouit ainsi d'une liberté de mouvement, peut s'habiller avec des vêtements spéciaux et se mouvoir librement au sein d'un atmosphère hostile au point de vue biologique.

Ce nouvel épiderme, cette nouvelle peau ne protège pas des effets expansifs de la pression sanguine si l'individu se trouve par exemple à la surface d'un astéroïde pratiquement dépourvu d'atmosphère.

Dans ces cas, l'explorateur n'utilise aucun scaphandre spécial supplémentaire. La couche la plus superficielle est simplement recouverte par une nouvelle couche élastique métallisée qui, observée avec un dispositif optique de fort agrandissement, présenterait une structure réticulaire ( comparable à une cote de mailles ). Les mouvements corporels sont alors plus lents à cause de la plus grande rigidité du système mais le système ne nuit en rien aux mouvements de l'homme ainsi équipé.

En plus de ses équipements individuels, les expéditionnaires sont équipés de dispositifs permettant de convertir azote, carbone, oxygène, et hydrogène, de l'eau en hydrates de carbone et autres composants de base par l'alimentation.

Sont également prévus des appareils de purification de l'eau et de synthèse, des sondes, des systèmes de captation et de stockage des images ( totalement différents de vos appareils photographiques ) des sondes permettant d'effectuer des études géologiques. S'ajoutent des dispositifs de défense dont nous ne pouvons vous révéler la nature pour des raisons évidentes. Cette dotation était complétée par des détecteurs spéciaux pour la mesure des grandeurs physiques, pour l'enregistrement des fonctions géologiques et atmosphériques, des équipements de télémétrie et d'analyse moléculaire et spectrale.

Comme nous vous le disions dans un rapport précédent, on étudia à fond la stratégie à suivre face aux habitants de la planète Terre, tout en ignorant les moyens de détection ou contrôle à distance que vous possédiez. Ainsi par exemple pendant notre voyage d'étude que nous vous avons déjà relaté, nous avions enregistré des émissions d'ondes en 1347 et en 2402 mégacycles (que vous appelez ondes décimétriques) et nous ignorions que de telles bandes étaient assignées aux services de radiolocalisation (radar terrestres). Nous avions envisagé que nos frères soient détectés par ce type de système. Au cas où cela ne se produirait pas ils avaient ordre de construire un observatoire souterrain doté de système permettant la synthèse des aliments de base et contenant une réserve d'aliments qui serait déposés par nos nefs. Nous pourrions éventuellement synthétiser nos nutriments en effectuant une transmutation du silicium et de l'aluminium ( nous connaissions l'existence de l'argile à la surface de la Terre ), au cas où nos expéditionnaires seraient contraints d'attendre le retour de nos nefs pendant une longue période.

A partir de l'observatoire pourrait débuter tout un cycle d'études des caractéristiques géologiques, atmosphériques et biogénétiques de cette planète.

Il restait impossible de prévoir le tour que prendrait la situation et jusqu'à quel point s'avérerait possible l'observation de la structure psychologique du Réseau Social Terrestre.

Le choix du mode d'étude des hommes de la Terre était laissé au expéditionnaires.

Tous savaient ce à quoi ils s'exposaient. Nous connaissions des précédents malheureux où des expéditionnaires avaient trouvé la mort. Notre sens grégaire est si développé sur Ummo qu'il n'y a pratiquement aucun problème concernant la discipline. Un individu peut se sentir humilié quand il doit obéir à un supérieur beaucoup plus jeune que lui, ou de sexe opposé, mais il obtempère de bonne grâce, tout en conservant le droit de pouvoir exprimer son désaccord.

L'homme de Ummo est aussi beaucoup plus libre que l'homme terrestre vis-à-vis des relations hiérarchiques, mais les conditions exceptionnelles exigées dans une expédition interplanétaire demandent un renforcement des critères disciplinaires. Une fois sélectionnés ceux-ci acceptent sans réserve les normes strictes du groupe. Aucune forme de serment ou d'expression solennelle n'est nécessaire, comme dans certains ordres religieux de la Terre.

A partir du moment où nous acceptons de nous intégrer au petit groupe d'expéditionnaires, nous savons clairement que nous devons totalement nous soumettre à notre supérieur, qu'il soit homme ou femme.

Nos corps sont entièrement à sa disposition. Vous comprendrez que nous allons être plongés dans un monde étranger et peut être même hostile, où l'indiscipline d'un membre peut avoir des répercussions très graves pour les frères expéditionnaires et pour les intérêts scientifiques de la mission.

DESCENTE SUR TERRE DE NOS PREMIERS FRERES.

A 4 heures 16 minutes 42 secondes G.M.T. (heure terrestre de Greenwich), les nefs se rematérialisèrent au voisinage de l'écorce Terrestre. Les machines apparaissent alors, comme surgie du néant, ou disparaissent lorsqu'il s'agit du processus inverse. En réalité la disparition n'est qu'apparente car le vaisseau continue à exister au sein d'un autre système à trois dimensions.

Si un de nos vaisseaux se mettait à la poursuite d'un des nôtres, non seulement il ne pourrait pas le voir, mais ne pourrait avoir avec lui de contact mécanique ou radioélectrique.

La vive couleur au ton oranger que diffusent nos nefs est due à une incandescence particulière provoquée artificiellement pour les décontaminer de tous types de germes vivants qui pourraient adhérer à sa surface. Sans adopter cette précaution, ces germes seraient aussi "inversés tridimensionnellement" et transportés sur notre planète avec les conséquences imprévisibles d'ordre biologique faciles à deviner.

A l'heure citée, trois de nos nefs "apparurent subitement" en un point situé à la hauteur de 7,338 km au dessus d'un endroit situé à quelques 13 km de la ville française de Digne et à 8 km de la localité de La Javie (département des Basses Alpes). C'était le 28 octobre 1950. Les trois vaisseaux descendirent rapidement touchant terre à 4 heures 17 minutes 3 secondes G.M.T.

Les pieds extensibles des vaisseaux s'enfoncèrent à peine dans le terrain rocailleux d'un contrefort Alpin, non loin de celui que nous avons identifié par la suite comme Pic du Cheval Blanc, haut de 2322,95 m au dessus du niveau moyen de la mer et non loin du petit cours fluvial de " La Bléone".

Durant une heure, personne ne sortit de nos vaisseaux, en attendant une attaque possible. Nos équipements sondèrent dans un rayon de 800 mètres l'émission possible de radiations infrarouges provenant d'être humains. Une grande nébulosité empêchait à ces heures de la nuit la vision directe des alentours. Les images obtenues avec la gamme d'ondes de 740 millimicron permirent néanmoins de visualiser les alentours.

Des plantes d'une morphologie étrange croissaient dans les environs. La morphologie érodée du terrain permettait de reconnaître quelques accidents accusés comme le lit de la rivière citée. Jusqu'au matin suivant l'on ne parvint pas à identifier la nature d'un groupe de lumières blafardes qui apparaissaient en trois points définis dans le lointain.

Rassurés parce n'apparaissait aucune trace détectable d'êtres humains dans les environs, quatre de nos frères descendirent, qui ne faisaient pas partie du corps expéditionnaire, parmi les trente six qui composaient le dotation totale des trois vaisseaux. Ils étaient munis d'équipements protecteurs et de dispositifs de défense. L'une des nefs se maintenait suspendue à 30 centimètres du sol pour couvrir leur retraite en cas d'attaque.

Par couples, ils se consacrèrent pendant une demi-heure à l'exploration des environs, sondant continuellement le sol pour détecter d'éventuels cavités habitées par des êtres humains. De telles précautions peuvent vous paraître ingénues, mais pour nous, à cette époque là, l'hypothèse de l'habitabilité souterraine des êtres humains n'était pas encore écartée, loin de là.

Néanmoins l'endroit paraissait désertique. Furent recueillis du sol quelques insectes et arrachées quelques espèces végétales identifiées ensuite selon la Classification botanique de la Terre comme :" Valériana celta" et "Erica carença", celles-ci furent emmenées dans le vaisseau où tous purent les examiner avec une curiosité réjouie. Comme il fallait s'y attendre, la morphologie de ces petits animaux et plantes différait des espèces connues sur Ummo.

Peu après sortirent les six expéditionnaires accompagnés de 20 membres de l'équipage. Il était nécessaire de commencer les travaux d'une construction souterraine.

On évalua les caractéristiques du sol. Ce qui nous frappa le plus ce fut l'absence de Titane dans la composition chimique des roches de la terre( sur notre sol cet élément chimique est aussi fréquent que l'aluminium dans les argiles terrestres). Furent aussi détectés de nombreux ferrocristaux inclus dans des roches porphyriques. La désagrégation des roches ignées était de plus évidente en constatant la composition dosimétrique de sable et argile. Les carbonates et les silicates abondants permirent d'élaborer une hypothèse de l'évolution géologique de ces terrains.

Il était nécessaire de réaliser la perforation en fondant à grande température des grès et des calcaires. La forte teneur en silice du sol provoqua au début un sérieux problème qui fut rapidement résolu. Les matériaux ainsi fondus furent transmutés en un isotope d'azote. De cette façon, à l'extérieur n'apparaissaient pas des tas de terre qui auraient révélé notre présence à d'éventuels observateurs humains terrestres. On travailla toute la nuit jusqu'à 7 heures. Peu avant l'aube nos nefs se déplacèrent dans un petit bois d'étranges arbres à feuilles filamenteuses identifiés après sous le nom terrestre de "Pinus montana".

La galerie ouverte dans le sous-sol, située à une profondeur de huit mètres, avait une longueur de quatre mètres. Elle était étayée par des sortes de cintres extensibles modulaires, fait d'un alliage de Magnésium très léger. Celui-ci se maintenait à une température très élevée (quelques 500 degrés) bien que la fusion au moyen d'un processus énergétique nucléaire des produits ou des composés du sous-sol s'accompagne ensuite d'un refroidissement très rapide. De plus il était nécessaire de résoudre le problème de la condensation de vapeur d'eau sous forme de petits nuages qui en émergeant de la galerie en une haute colonne pouvaient révéler notre présence. Il fut nécessaire d'obturer l'entrée de la galerie avec une plaque de plastique et de recueillir aussi par aspiration les fumées produites par la combustion des substances organiques du sol.

Le nouveau jour réserva aux expéditionnaires un beau et nouveau spectacle. Pour la première fois ils se trouvaient face à un nouveau monde, une structure géologique nouvelle. Le ciel était plus indigo que sur Ummo. De nombreux strato-cumulus couvraient ce jour là le ciel de la région. Bientôt furent remarquées deux structures artificielles (habitations humbles) situées à 1,3 km et 1,9 km respectivement. L'origine des lumières aperçues le matin fut rapidement éclaircie. Elles correspondaient aux petites localités de Digne et La Javie. La forme anarchique des étranges constructions attira notre attention. dans Digne apparaissait, dominante, une étrange tour que nous sûmes bientôt correspondre à une ancienne cathédrale catholique Romaine du XIII siècle.

Les instruments optiques de fort grossissement révélèrent les images des premiers êtres terrestres. Aucune activité exceptionnelle ou nervosité des habitants, sûrement ignorants de la présence de nos frères à proximité d'elles ne fut constatée. .

On trouva, à 200 mètre, d'étranges piliers prismatiques et d'autres matériaux. Tout était en ruines. On se trouvait devant la première œuvre enregistrée et provenant d'êtres humains terrestres. Plus tard nous avons su qu'il s'agissait d'un ancien petit hangar pour le stockage d'aliments, mais la découverte remplit nos frères d'émotion.

On prit des échantillons des piliers et on radiographia l'intérieur. L'analyse montra la présence d'une substance agglutinante de mélange complexe dans laquelle intervenait du sulfate calcaire, des alumines et des petites quantités d'oxydes minéraux (plus tard nous avons su qu'il s'agissait d'un ciment sur-sulfaté) et de fragments de roche et sable en proportion et dosage presque constants ( plus tard nous avons su qu'il s'agissait d'agrégats pour le béton).

L'analyse interne de ces colonnes présentait des baguettes de composition ferrique évidente.

NOS PREMIERS JOURS SUR TERRE

Les aliments synthétisés stockés dans la galerie pouvaient permettre à nos frère d'y séjourner pendant près d'une année.

le 29 mars 1950, ils terminèrent les travaux d'adaptation de la Galerie souterraine. Il fut nécessaire d'accélérer la réfrigération de ses parois pour permettre le stockage du matériel (les ingénieurs terrestres peuvent être surpris par ce fait en rapport avec la réfrigération. C'est parce que nos méthodes d'excavation sont différentes de celles des terrestres. Nous nous utilisons la fusion à très haute température des roches, sables et limons du terrain, en contrôlant l'expansion des gaz qui sont immédiatement transmutés en azote et oxygène.

En plus d'une plus grande rapidité, nous évitons ainsi de multiples effets secondaires comme les expansions qui ont lieu au moment de la transformation de l'anhydride en gypse par contact avec l'eau (bien entendu on réalise à l'avance une étude géologique du terrain. Non pas par des méthodes sismographiques ou de sonde électrique semblable aux rayons X terrestres; On obtient ainsi une image qui révèle non seulement la composition des différents strates mais aussi la position des vides situés à une grande profondeur. Les systèmes de coffrage gardent une certaine ressemblance avec les terrestres.

(sur Ummo on construit par exemple les modules de coffrage "in situ". Le silice et le titane des roches une fois fondus sont transmutés en magnésium et Aluminium avec lesquels on construit des arcs métalliques semblables aux cintres terrestres.

Il fut nécessaire d'accélérer les travaux à cause de l'inquiétude qui pesait sur les expéditionnaires. Les conditions isodynamiques de l'espace étaient susceptibles de varier rapidement, empêchant le retour du reste de l'équipage dans les conditions de temps acceptables. Les nefs avaient été déplacées vers un bosquet de pins voisins, par craindre que les habitants de la région ne les aperçoivent. Finalement les expéditionnaires et les autres membres de l'équipage se séparèrent. Nous avons des images d'une telle scène. Les mains de chacun sur la poitrine de son frère comme c'est notre coutume, indiquèrent le moment du départ, personne ne prononça une parole. Les yeux disaient tout. Les trente membres d'équipage montèrent dans les vaisseaux.

Rapidement ceux-ci mirent en œuvre un processus selon lequel les zones superficielles extérieures sont portées à l'incandescence. De cette manière les germes vivants sont détruits pour obtenir une stérilisation parfaite. Cette mesure est nécessaire car les micro-organismes peuvent accompagner les nefs dans leur voyage spatial et venir contaminer notre planète. Les trois nefs s'élevèrent à une hauteur de six kilomètres. Les explorateurs contemplèrent leur dématérialisation.

Ce même jour deux de nos frères reçurent l'ordre de réaliser une première exploration à une certaine distance de la galerie pendant que les autres poursuivaient les travaux dans celle-ci. L'entrée de la galerie se trouve sur l'un des contreforts montagneux de la région, pas très loin du pic du "Cheval Blanc". De là-bas l'on domine toute la vallée dans laquelle coule la rivière Bléone.

Avec un bon instrument optique on voit parfaitement les édifices de Digne, sa vieille cathédrale et même on peut apercevoir des fragments du Bès et quelques tronçons du chemin de fer.

On peut également observer parfaitement le hameau de La Javie et quelques constructions humbles des environs. Comme information intéressante nous vous dirons que la galerie historique existe encore, et contient une partie de l'équipement scientifique d'origine qu'emmenèrent nos frères. Son accès est parfaitement camouflé. Le jour, peut-être pas très lointain, où nous nous présenterons officiellement aux organismes gouvernementaux de cette planète, nous ferons don de ces installations au gouvernement Français, comme remerciement symbolique de notre civilisation à celle des terriens.

La première exploration de nos deux frères, effectuée dans la soirée du 29 mars donna un résultat imprévu pour nous. Pour vous l'incident peut vous paraître vulgaire et de ce fait vous jugerez notre pondération ingénue et même comique, mais le résultat impressionna fortement nos frères. Pour mieux nous faire comprendre il est nécessaire que vous vous placiez dans le cadre mental d'hommes qui venaient juste d'arriver sur une planète inconnue dont ils ne connaissaient, au niveau des moyens d'expression, que quelques sons modulés enregistrés par nos équipes de détection radioélectrique et dont le jargon inintelligible n'offrait pas encore des bases sérieuses d'étude.

Vers les six heures de l'après-midi de cette date, ADAA 66, fils de ADAA 65, maraudant dans les environs en compagnie d'un autre frère et pendant qu'ils arrachaient par ci par là des petites branches et des feuilles pour les analyser ensuite, dans les arbustes inconnus, observa aux environs de deux grands arbres, des pierres amoncelées et noircies. La structure des fragments de roche permettait de les identifier comme étant des calcaires; des cendres répandues autour faisaient deviner qu'elles avaient été utilisées pour un feu, mais ce n'était pas cela le plus intéressant.

A trois mètres cinquante de là ils localisèrent des fragments d'une planche blanche jaunâtre, flexible et fragile, froissée couverte de caractères ou signes qui avaient de toute évidence été écrits par des êtres humains. Trois d'entre eux paraissaient tachés par des matières fécales. Une multitude d'animaux volants inconnus prirent leur envol.

La découverte fut jugée transcendante et ils retournèrent immédiatement à la galerie. La structure microscopique de ces feuilles fut très vite analysée. La texture était inconnue pour nous. En effet sur Ummo on n'utilise pas la pâte de cellulose pour la fabrication du papier. Les signes ou caractères codifiés révélaient qu'ils n'avaient pas été manuscrits mais imprimés au moyen de moules standard. Sans aucun doute on avait employé un liquide pour l'impression (encre d'imprimerie). Ceci était étonnant pour nous. En effet nos anciens systèmes d'impression de caractères étaient fondés, soit sur un système électrostatique de projection de poudre colorée, soit sur une brûlure superficielle de la surface de la feuille imprimée.(actuellement nos systèmes de fixation d'images et de caractères se basent sur la transformation des molécules de la feuille où l'on va procéder à l'impression, en les transmutant en d'autres ayant un aspect chromatique différent. C'est à dire que l'on ne se sert pas d'encre. On induit des transformations chimiques dans le support lui-même.

La présence de matières fécales constitua au début une énigme. L'analyse de l'excrément révéla la présence de cellules épithéliales sans doute issues des glandes intestinales humaines.

On recensa les hypothèses probables. La plus soutenue était de lui attribuer un caractère rituel. Peut-être les humains, quand ils étaient en désaccord avec les idées exprimées dans un document écrit, le barbouillaient-ils avec leurs matières fécales. Mais nous supposâmes également que celui qui avait utilisé cette substance s'en était simplement servi pour se nettoyer ( un berger avait certainement utilisé ce journal à des fins hygiéniques ).

Mais ceci n'était cependant pas évident pour nous. En effet on dote les enfants de Ummo, dès la naissance, d'un dispositif rectal dont le conduit final, ou tuyère, sort par l'anus. Les matières fécales sont liquéfiées par un processus de transformation à l'aide d'enzymes. Puis un autre processus de gélification et d'expulsion électrostatique se charge des résidus qui pourraient encore se trouver dans le tube expulseur. Il n'est donc pas nécessaire de procéder au nettoyage après défécation comme le font les terrestres. D'autre part nos ancêtres employaient une substance spongieuse pour le nettoyage après le défécation.

Ces éléments restent pour nous historiques. L'original, dont il manque une feuille et divers fragments, est conservé sur Ummo tel qu'il fut trouvé, à l'intérieur d'une masse gélatineuse maintenue dans un champ de température constante. Il s'agit d'une technique qui vous est inconnue, grâce à laquelle une structure biologique est conservée à basse température avec un contrôle des températures en chaque point, car certaines zones ou tissus ne supportent pas de basses températures sans que la congélation de l'eau ne provoque la destruction de la cellule pendant que dans d'autres points peuvent être maintenus à des niveaux thermiques différents.

Ce fameux exemple du journal qui a constitué le premier document imprimé que nous avons pu obtenir correspond à un numéro publié en langue française du "FIGARO" Samedi-Dimanche 25-26 mars 1950.

Les caractères étrangers laissèrent nos frères perplexes. Le plus encourageant et suggestif de cette étrange pièce était les dessins et les photographies. (bien sûr nous ignorions la simple technique de la photogravure directe).

Sur la page que nous avons identifié par la suite comme étant la première, apparaissait précisément une caricature signée par un humoriste français J. Sennep; c'était un croquis d'une bombe nucléaire à hydrogène. Sur son ogive figurait la caricature d'un homme politique français. La légende était la suivante:

Bataille parlementaire :

S'ils nous embêtent, nous avons la bombe H

On notait aussi des grands titres comme:

L'URSS est favorable à une session spéciale du conseil de sécurité pour régler les différents Est-Ouest.

et d'autres comme:

Série noire dans l'aviation : trois catastrophes aériennes ont fait 19 morts.

Aide immédiate à l'Indochine.

Au dos du papier, taché par les excréments, il y avait une image qui était très intéressante pour nous. On voyait un être humain adulte avec deux enfants dont nous ne pouvions identifier clairement le sexe. Nous avons su par la suite qu'il s'agissait d'une dame avec des enfants des deux sexes. On pouvait apprécier la facture des vêtements (n'oubliez pas que l'un de nos problèmes les plus importants était de découvrir la manière dont vous étiez habillés). Au dessus du dessin apparaissait un texte qui, à ce moment là, était inintelligible pour nous, et qui disait Mondial Nursery.

Pour finir de nous tromper sur le type de vêtements terrestres, apparaissait dans une autre page du journal (page 6) une photo d'un autre être humain (une dame) vêtue à la mode classique correspondant à la représentation théâtrale de "Malborough" de Marcel Achard, représentation qui venait de s'achever au théâtre de Marigny.

Cette découverte documentaire était pour nous donc d'une importance transcendante. Mais nous ne connaissions aucun moyen scientifique pour pouvoir interpréter les caractères. Il n'y avait pas de relation directe entre les images et les textes. Nous ignorions si ces symboles représentaient des chiffres ou des idéogrammes ou si l'on pouvait considérer comme représentatifs de sons complexes ou de phonogrammes sans intégration.

Que faisait ce document en pleine campagne ? Nous ne pouvions croire qu'il avait été posé là pour nous, étant donné que l'excrément présentait des symptômes de dessèchement commencé bien avant notre arrivée sur le planète Terre.

Le 30, deux de nos frères virent des animaux vertébrés avec de protubérances pointues sortant du crâne. Au total ils en comptèrent huit. Elles paraissaient situées à une distance de 350 mètres terrestres. L'on donna l'ordre opportun pour une approche en étant pourvus avec des équipements de défense. Nos frères allaient couverts avec leurs habits protecteurs. Leur aspect extérieur était celui de vulgaires bleus de travail terrestres très serrés.

En réalité il s'agit d'une fine pellicule qui a été pulvérisée au moyen d'une tuyère d'aspersion sur l'épiderme du dos, des bras et des jambes. C'est une substance dont la base principale est constituée par un composant de silice en dissolution colloïdale dans un produit volatil. Ce liquide en étant pulvérisé sur la peau évapore immédiatement le diluant, laissant cette dernière recouverte d'une légère couche ou pellicule opaque et poreuse à caractère anti-électrostatique. C'est le seul vêtement que nous utilisons quand nous travaillons en contact intime avec la nature.

Sa couleur varie en fonction de certaines circonstances de travail. En général il faut utiliser un code couleur quand un tel équipement est utilisé sur notre planète. Cependant nos frères Ummo déplacés à cette époque adoptèrent une couleur grise dans un souci de camouflage efficace. Nous vous expliquons ces petites détails car l'incident que nous allons vous raconter fut à cette époque très surprenant pour nous.

Nos deux frères se mirent en marche vers le troupeau d'animaux que nous vous avons indiqué. Il s'agissait simplement de vaches et de bœufs (sonnaillers) mais à ce moment là un tel animal inconnu sur Ummo nous était totalement étranger. Seule l'évidence des mamelles permettait d'identifier le sexe de ces êtres.

Ils arrivèrent aux environs de ce groupe. Avant de s'approcher d'avantage, ils procédèrent aux opérations habituelles d'enregistrement de sons et d'images et cherchèrent à détecter les champs électrostatiques et gravitationnels émis par ces animaux. Se trouvant à une distance de 15 mètres terrestres ils observaient avec fierté la conduite particulière de ceux-ci, qui tout en ayant remarqué la présence de nos frères, continuaient à paître sans bouger.

Soudain apparût de derrière un grand rocher des environs un être humain, sans doute adolescent, vêtu d'une forme étrangère à nos toilettes.

Ses vêtements ne ressemblaient pas aux images qui avaient été enregistrées jusqu'alors. L'enfant était de sexe masculin, mais au début il fut impossible de le constater. Il s'agissait d'un enfant de 11 ans qui surveillait le troupeau de son père, mais tout cela nous devions le savoir plus tard comme nous vous le raconterons.

La surprise et l'inquiétude instantanée de nos frères fût très grande. Sans bouger de leur position, ils sollicitèrent des instructions du chef de la base souterraine en utilisant un code digital pour que le nouvel arrivant n'observe aucun mouvements des lèvres.

L'enfant avait dans les mains une substance blanc-jaunâtre (du pain) qui contenait aussi un produit noirâtre (il s'agissait sûrement de confiture ou de charcuterie), qu'il mangeait tranquillement sans être troublé par la présence de nos frères qu'il regarda avec attention sans paraître trop surpris.

L'enfant leur adressa quelques mots évidemment inintelligibles. Ensuite, en voyant qu'il n'obtenait pas de réponse, il s'approcha encore plus et en mettant les mains devant le front, il les regarda avec plus d'attention.

Il est étonnant de constater la série d'équivoques qui suivit. Analysant par la suite la conduite de l'adolescent ( il s'appelait Pierre), il devint évident qu'il avait mis la main sur le front pour se protéger du soleil étant donné que nos frères étaient de dos au soleil, mais ceux-ci interprétèrent une telle mimique comme un salut et ils firent le même geste, ce qui dut surprendre encore plus l'enfant.

Le jeune français, en voyant l'attitude passive de nos frères, appela son troupeau et se retira en saluant timidement. Les explorateurs qui, durant tout l'incident n'avaient pas bougé de leur poste suivant ainsi les instructions du chef de notre groupe, retournèrent à la galerie-base, profondément préoccupés. Immédiatement commença un débat pour étudier la situation. La surprise fut si grande que l'on n'avait même pas enregistré des images de l'enfant terrien, ce qui nous aurait peut-être aidé, moyennant l'analyse de ses gestes, à interpréter son attitude.

La situation fut jugée si grave que nos frères décidèrent qu'il convenait de se mettre absolument en contact télépathique avec Ummo.

Mais après tout il était juste de reconnaître que des situations comme celle-là, et même pires, avaient envisagées bien avant l'arrivée sur la Terre.

Le degré d'incertitude sur ce qui pourrait arriver était si insoluble, que l'on opta pour les mesures de défense et de protection qui se révélaient les plus adaptées dans cette situation. L'entrée de la Galerie fut obturée et camouflée. La décision fut prise de ne pas sortir avant un temps 1200 UIW ( soixante heures ) . L'unique contact avec l'extérieur était constitué par les dispositifs d'aération, de vision optique et d'enregistrement des images, de sons et des champs de forces.

Le 31, une journée après l'incident sérieux que nous venons de vous raconter on n'observa pas de signes extérieurs anormaux, aussi bien dans les environs que dans le village de la Javie (le seul accessible par les champs optiques des équipements d'observation). Le 31 le groupe des vaches aperçues la veille, accompagnées du petit berger, vinrent croiser à quelques 650 mètres de l'endroit où nos frères s'étaient retranchés. Cette fois-ci nous captâmes des images et enregistrâmes des données précises, aussi bien sur sa morphologie que sur sa tenue vestimentaire.

Le jour suivant on capta des images de deux autres être qui entrèrent dans notre champ d'observation, mais à une plus grande distance. Il s'agissait de deux hommes adultes.

En faisant un bilan rétrospectif des ces journées, nous devons nous étonner de ce qui arriva. L'effet ayant été déduit plus tard après diverses discussions avec les personnes qui prirent part aux événements. Par exemple, nous trouvâmes incroyable que l'enfant, Pierre. (nous omettons son nom pour des raisons évidentes) qui vit actuellement, ne se soit pas plus étonné par notre tenue et n'ait pas été immédiatement nous dénoncer à ses parents ou aux autorités de Digne. Ce jeune, qui jamais ne connu notre véritablement notre identité, bien que nos contacts avec lui furent par la suite fréquents, confessa que les étranges " vêtements serrés" n'attirèrent jamais son attention.

Deux ans auparavant il avait vu trois topographes, Allemands ou Suisses prenant des mesures dans les environs, et cette seconde expérience ne le surprit pas d'avantage. Il dit qu'il nous prit pour ce que nous étions en réalité : des "étrangers".

La curiosité enfantine insatisfaite l'incita à nous rencontrer de nouveau et il n'eût pas le courage de dire quoi que ce soit à son père, craignant avec raison que celui-ci lui conseille de ne pas s'approcher d'inconnus.

Il confessa sa désillusion quand il constata le lendemain (le 31) que les étrangers n'étaient déjà plus là. (souvenez-vous que ce jour là nos frères n'eurent pas le courage de sortir s'attendant à une possible réaction des terriens).

Avant la seconde sortie on s'occupa à confectionner avec des lamelles d'une substance flexible et élastique de couleur grise des tenues qui ressemblaient vaguement aux vêtements des adultes, dont les images avaient été captées le 31. Les boutons furent imités avec un alliage d'aluminium, même si on ignorait encore la véritable fonction de ceux-ci.

Les cravates furent confectionnées avec une pâte de couleur noire et faites d'une seule pièce car le nœud et la bande vus sur les images ne donnaient qu'une idée vague de leur structure topologique.

Et comme de la poche de l'un des sujets aperçus émergeait un mouchoir, on imita même ce détail, (tout en ignorant sa fonction), en faisant dépasser d'une fente d'un soi-disant costume une feuille froissée d'un produit alimentaire synthétique qui se présente sous forme de fines lamelles.

Maintenant nous réalisons avec horreur l'effet qu'aurait produit cette tenue de nos frères s'ils s'étaient promenés dans la rue principale de Digne : aucun observateur terrestre n'aurait confondu les tissus classiques qui servent pour les vêtements avec cette grossière imitation. Cependant les critères rigoureux de nos frères évitèrent ce danger. Il s'agissait seulement de sortir pendant la nuit ou la fin de la soirée.

Le 2 avril 1950, après avoir vérifié que notre présence ne semblait pas avoir provoqué d'alarme, et tout en admettant l'hypothèse plausible que les terrestres informés de notre présence, pouvaient être en train de nous surveiller en secret, il fut décidé de sortir en plein jour pourvus des vêtements improvisés imitant le style terrestre. Nos deux frères avaient avec eux cette fois-ci des équipements d'enregistrement et de défense, un exemplaire du message rédigé avec des symboles idéographiques d'interprétation facile dont nous avons déjà parlé dans les documents précédents et un fragment du journal Figaro trouvé les jours précédents sur le sol et couvert d'excréments.

On décida de partir à la recherche de l'enfant terrien qui, habituellement accompagnait les mammifères vus quelques jours auparavant.

En les voyant, l'enfant salua avec les mains sans que nos frères comprennent exactement s'il s'agissait d'un geste d'hostilité, de salut ou d'alarme. Ils s'immobilisèrent donc en attendant la réaction de l'adolescent. Celui-ci s'approcha sans sembler éprouver de frayeur, et il dut demander quelque chose. Cette fois-ci il semblait surpris en voyant leurs étranges vêtements, imitations de vêtements terrestres. Il est aussi curieux de constater que l'enfant les reconnut malgré la différence de tenue.

L'enfant sortit un étrange récipient (il s'agit d'un thermos) et leur offrit son contenu après avoir défait un autre paquet contenant des aliments. Une discussion par gestes très animée commença. Un de nos frère, tout en sachant le risque qu'il prenait au cas où les aliments auraient eu leurs protéines orientées dans l'autre sens ( vous savez que les molécules protéiques peuvent être dextrogyres ou lévogyres) osa accepter les viandes pour ne pas éveiller d'autres soupçons tout en prévenant son frère de ne pas accepter.

Ce fut la première fois que l'un de nos frères ingurgita des aliments terrestres. Ceux-ci, finalement, ne furent pas nocifs. (ce détail qui peut vous paraître secondaire est en réalité d'une importance transcendante car il confirme l'hypothèse selon laquelle il existe une même orientation moléculaire pour tous les être vivants du cosmos. Ceci va à l'encontre d'une hypothèse quelque peu décadente de la parité dans l'orientation, selon laquelle la probabilité pour que sur une planète surgissent les structures moléculaires orientées dans le sens dextrogyre est statistiquement la même que dans le sens lévogyre.

L'enfant terrien ne paraissait pas très étonné par le langage de nos frères. En revanche ceux-ci s'étonnaient de sa placidité.

(N'oubliez pas qu'alors nous croyions encore que les terriens comprenaient tous leurs langages, dont des fragments avaient été différencié par nos spécialistes qui avaient capté vos émissions radioélectriques).

En un mot : pendant que le berger prenait nos expéditionnaires pour de simples étrangers, ceux-ci étaient convaincus que l'adolescent avait deviné leur origine extraterrestre.

Un de nos frères entrepris de désigner divers objets pour que l'enfant lui indique leurs noms dans sa langue.

Le petit comprit très vite ce que l'on attendait de lui et très fier de son rôle de professeur, traduisit en Français une riche gamme d'objets et de verbes faciles. Nos frères sortirent le fragment du journal en langue française et l'enfant quoiqu'avec certaines difficultés, lut parfaitement des paragraphes entiers.

Vous ne pouvez imaginer la joie intérieure de nos frères. Les gestes et les mots de l'enfant étaient enregistrés optiquement et phonétiquement sans que celui-ci s'en aperçoive. Nos frères de la Galerie souterraine suivaient les événements fidèlement grâce à un équipement transmetteur fonctionnant à l'aide d'ondes gravitationnelles. Vous mêmes pouvez vous douter de la transcendance que revêtait pour nous, non seulement de connaître la signification de quelques phonèmes en langue terrestre (en l'occurrence en Français) mais aussi l'interprétation phonique des symboles ou lettres imprimés sur un document, même si nous ignorions encore leurs significations profonde. Dans cette journée 119 mots correspondants à des objets visibles dans la campagne, à des parties du cors humains et à des verbes représentant quelques actions topiques telles que "prendre", "manger", "boire", "monter"...etc dans leur forme infinitive nous furent révélés par cet enfant terrien.

date de réception du document : 26.06.1967

Premier jour passé sur la surface de la Terre.

Dans les chapitres précédents, nous avons relatés succinctement les journées historiques qui ont suivi notre arrivée sur votre planète de trois de nos vaisseaux dans une région proche de Digne (Basses-Alpes , France).

Dans ce qui va suivre, nous voulons réaliser une synthèse historique de nos premiers mois en France: jusqu'à ce que le Conseil Général de la Planète Ummo (UMMOAELEWE), au su des informations réunies par le groupe d'explorateurs, tendant à prouver (ce qui était inconcevable avant) la possibilité, pour nous, de nous mêler incognito aux êtres humains, décide de modifier le plan d'observation et nous ordonne de nous disperser sur la Terre.

Pour des raisons facilement compréhensibles, nous tairons le nom de quelques citoyens de la République Française qui ont été en contact avec nous durant ces quelques semaines( nous avons d'ailleurs de bonnes raisons de croire qu'ils ne soupçonnent jamais notre identité).

Quand, au long de ce récit, nous omettons une date, taisant le chiffre référence du jour, nous le faisons sciemment, craignant que cette date aux mains d'un expert, ne puisse conduire à une identification qui pourrait nous être préjudiciable.

Nous avons aussi renoncé à nourrir cette histoire de quelques faits, d'inégales valeurs anecdotiques, qui constituèrent des jalons importants dans le processus de notre assimilation clandestine éventuelle dans le réseau social terrestre. Il s'agit de contacts pris avec des personnes et des entités officielles (de l'administration Centrale et, en certains cas, Municipale) de l'état Français. Ces contacts, pris grâce à des noms de nationalités frauduleux, ont été toujours été enregistrés, d'une manière ou d'une autre, pour les archives, et nous préférons donc, pour des raisons évidentes, de ne pas les mentionner.

Les Services Administratifs et Techniques du Gouvernement Français de cette époque n'eurent jamais conscience de notre arrivée sur le Territoire Français. Les indications, filtrant à travers la presse locale et les rumeurs circulant parmi les paysans, concernant les quelques traces visuelles de notre descente, se perdirent dans le fatras des articles publiés dans la presse française traitant des apparitions, sur l'ensemble de la planète, de Soucoupes Volantes. De plus, à cette époque, le Gouvernement Français, avait des problèmes beaucoup plus graves à traiter. Par exemple, le cabinet Bidault se heurtait, à ce moment là, aux problèmes posés, par les conflits sociaux au Gaz de France et à l'Electricité de France, sans parler de la guerre d'Indochine sur laquelle se concentrait l'attention des spécialistes français. D'autre part, les services de renseignements Français, le deuxième bureau, avaient reçu des renseignements inquiétants d'après lesquels les troupes Nord Coréennes établissaient un plan d'invasion du territoire autonome du sud ce qui aurait pu aggraver de manière incontrôlable la tension mondiale sur la planète.

De telle sorte que, si les services techniques avaient eu la possibilité de faire parvenir, dans les hautes sphères, les vagues indices que nous avions pu laisser filtrer par inadvertance, en raison de l'inexpérience de nos frères, méconnaissant alors la langue française, ceux-ci ne furent pas pris en considération. tant et si bien que, en 1959, quand nous avons effectué, dans les milieux officiels, un sondage secret pour retrouver des documents susceptibles de constituer des preuves notre arrivée sur la Terre dans le sud de ce pays, sous quelque forme que ce soit, il nous fut impossible de rien trouver.

Maintenant, nous allons expliquer comment un jeune berger français, qui vit toujours, en nous lisant les articles de presse et nous rapportant les "ont dit, sans se douter de notre identité, nous montra de manière inattendue pour nous qu'il nous était possible de traduire en français nos expressions verbales et de comprendre le sens de votre écriture.

Nos frère décidèrent de s'isoler quelques temps dans notre base souterraine pour assimiler les quelques notions idiomatiques obtenues de manière si précaire. Toutefois, beaucoup d'articles imprimés dans les coupures de journaux restaient inintelligibles, mais nous captions continuellement les émissions de la radiodiffusion Française ce qui nous apporta une grande aide. il fut extrêmement regrettable pour nous de ne pas disposer d'équipement capable de recevoir les images de télévision. Nous parvînmes aussi, grâce à la réflexion des ondes sur la troposphère, à recevoir faiblement les émissions radiophoniques provenant de pays étrangers et, dont le sens nous était bien sûr incompréhensible.

Les 24 avril 1950 marque une date pour la première expédition Ummo. A cette époque nous n'avions qu'une conception très rudimentaire de la structure sociale qui régissait la mystérieuse planète Terre. Nous avions repris contact avec l'enfant français qui, bien que de culture élémentaire, apprit à nos frères le sens de certains mots clef qui les renseignèrent suffisamment sur certains aspects aussi importants que l'existence de nations autonomes, la notion de l'argent et autres coutumes spécifiques des êtres terrestres. Le jeune français fournit deux exemplaires de la presse française, Le Monde du 22 avril et le Figaro du 17 avril, qui faisaient tous deux état des bruits de graves maladie qui circulaient à propos d'un certain Staline. L'enfant savait seulement que Staline était "celui qui commande aux communistes", mot que nos frères rencontrèrent souvent et qui était, pour eux, plein de mystère. Une dépêche, en date du 23 avril, et parue dans le Monde du 24 informant, par exemple, qu'un certain Tchang kaï Tchek avait décidé d'abandonner l'île d'Hainay, dont la capitale, Hainow était occupé par les communistes. (il nous fut impossible de savoir du jeune français, si le mot Tchang se rapportait à une machine, à une entité, à un groupe social ou à un homme). Mais nos frères avaient appris quelque chose d'extrêmement important : il n'existait pas, sur la planète d'unité de langage ni de structure sociale. les humains terrestres constituaient de grands groupes de culture et de morphologie particulière, et, pour incroyable que cela puisse paraître, il était possible de se présenter à un groupe, ou une nation, en se faisant passer pour membre d'une autre. Il était possible de simuler une langue existante sans créer le doute.

Le 24 avril 1950 on fit le plan de pénétrer dans une habitation qui se trouvait à deux KOAE (soit 17,4 km (N.D.T.)) de notre base, pour surprendre ses habitants et, sans leur faire de mal, opérer un certain nombre de larcins dont ils recevraient compensation dans le futur (comme il en fut en 1952).

Celle-ci fut la première des quatre atteintes à la propriété que nous avons commises dans le département des Basses Alpes et des dix huit autres commises en France et en Suisse. Jamais, au cours de ces actions, les victimes ne subirent de sévices corporels et reçurent toujours des compensations. Dès que nous eûmes la possibilité de disposer d'argent, sans avoir à le voler, de falsifier des papiers d'identité et de connaître les caractéristiques de quelques armes, nous décidâmes d'arrêter ces rapines bien qu'à nos yeux elles soient justifiées.

La nuit du 24 avril 1950, quatre de nos frères pénétrèrent dans une maison isolée en pleine campagne. Auparavant l'endroit où se trouvèrent les habitants de cette maison avait été reconnu par nos sphères détectrices se propageant à une altitude quelconque. A trois heures du matin, le 25, les ouvriers qui dormaient dans un appartement, un couple, propriétaire de la maison, et leur trois enfants furent anesthésiés en plein sommeil.

Ont été dérobé approximativement soixante dix mille francs (anciens), des vêtements, des pièces d'identité ( à partir desquelles nous en fîmes de fausses), deux stylos billes, un hygromètre représentant une religieuse, des clefs, des timbres-poste, un paquet de lettres et factures payées se rapportant à un tracteur, plusieurs journaux périmés, des livres spécialisés sur l'élevage du bétail, un texte expliquant les phases d'une moisson et la notice d'un tracteur, une encyclopédie enfantine, un rouleau de papier hygiénique, un peu de désinfectant pour plaies, un réveille-matin, deux ampoules électriques

( que vous, en Espagne, vous appelez "bombillas"), un morceau de savon. Nous arrachâmes un interrupteur électrique et le compteur électrique. En plus nous emportâmes quelques pièces détachées du tracteur, des tubes de médicaments sous forme de dragées, un cartable avec des devoirs scolaires, six paires de chaussures d'homme et deux de femme (tout ce qu'il y avait), le poste de radio, une bouteille de jus de citron, deux pommes de terre, un calendrier mural, un sécateur et un quinquet.

Une partie de ce butin fut camouflé à quelques quatre cent mètres en attendant d'aller le rechercher la nuit suivante, le reste fut transporté dans notre base souterraine.

Les huit jours suivants furent entièrement consacrés, par nos frères, à analyser ces curieux ustensiles, essayant de comprendre les textes imprimés et les images prises à l'intérieur des appartements. Tout était fascinant. Nos frères avaient visité ces étranges maisons chaulées, examinant les meubles faits d'une substance qui ne leur sembla pas d'une origine végétale. En éclairant à travers les fenêtres avec une lumière telle qu'on ne pouvait la remarquer, UURIO 79 fils de ISAAO 5, UCRYI 19 fille de OBAA 7 et ADAA 66 fils de ADAA 65 (mort sur Terre en 1957), furent les premiers, dans l'histoire, à observer une habitation terrestre. L'opération fut dirigée par ODDIOA 1 fils de ISAAO 132.

Sur un gravats dormaient deux terriens sous l'effet d'un gaz anesthésiant. Bien que sachant déjà que, sur Terre, les femmes (YIE) se laissaient pousser les cheveux, nos frères ne purent déterminer tout de suite leur sexe respectif. On leur retira leurs vêtements en en prenant un petit morceau. Les deux corps furent partiellement dénudés, et on préleva de la sueur des aisselles et du bas ventre. On préleva aussi des échantillons de poils venant de la tête, des bras, du pubis et des jambes, des échantillons du mucosité nasale, de poils et de sécrétion de la vulve. En plus des objets emportés, des fragments de meubles, d'ustensiles, de carrelage et de parement, furent prélevés et codifiés en fonction des images prises des objets auxquels ils se rapportent (en images sont des sortes de photos tridimensionnelles).

Il ne fut pas possible de prélever de la salive sur aucun des terriens. Dans une veste emportée on trouva, en plus, un briquet et des cigarettes.

En même temps nous pûmes prélever des fragments sur des vaches présentes dans un enclos. Nous dûmes anesthésier deux chiens qui commençaient à hurler (ceci est la description la plus juste de ce que nous récoltâmes à cette date).

Aussi étrange que cela puisse paraître, nous constatâmes avec regret que, malgré le grand nombre d'échantillons et d'objets en notre possession, si l'analyse effectué nous renseignait exactement sur leur composition chimique, il n'en fut pas de même quant à leur fonction ou utilité.

Par exemple, il nous fut impossible de déterminer l'utilité des morceaux de savon. Toutes les méthodes employées pour trouver l'utilité du quinquet se soldèrent par un échec.

A part cela, ce fut merveilleux de constater que le moteur du compteur fonctionnait sur du courant alternatif et de voir comment les indications portées sur le cadran frontal étaient liées à l'énergie. Mais il nous fut impossible de déterminer si cet appareil servait à mesurer le temps ou une autre grandeur périodique quelconque. La fonction d'un vieux réveil matin nous intrigua pendant quelques UIW ( un Uiw = 3 minutes ). Dans un premier temps nous avons craint que cet appareil, s'il était constitué d'un émetteur, ne constitue un risque que nos frères soient découverts. Mais ses caractéristiques purement mécaniques furent rapidement découvertes. A cause de sa sonnerie nous doutions sérieusement de son utilisation en tant qu'appareil à mesurer le temps.

Pour prélever un fragment de filament, nous perçâmes prudemment le verre de l'ampoule électrique, ce qui fut une grave erreur qui retarda beaucoup notre connaissance de l'utilité de cette ampoule. Les filaments s'oxydèrent rapidement et fondirent quand on les soumit à une tension croissante. Les cigarettes furent identifiées grâce à des photos d'OEMII ( hommes ) prises antérieurement. Nous crûmes qu'il s'agissait d'un dispositif émetteur d'un gaz permettant aux terriens de respirer plus facilement. Nos frères furent assez déconfits de ne pas trouver, à l'intérieur, les mécanismes compliqués auxquels ils s'attendaient. L'énigme n'en fut que plus forte.

Mais il ne fit aucun doute que l'importance de l'argent en billets de banque, des vêtements et des chaussures dépassait largement celle des autres objets.

Nous comprenons fort bien que les vols importants que nous pratiquâmes dans cette famille française pacifique soulèvent chez vous l'indignation, bien que celle-ci fut largement indemnisée ultérieurement. Nos frères furent préoccupés par les conséquences de telles actions. Toute sortie fut interdite à tous, et les alentours furent observés tout en préparant tous moyens de défense. Mais à part l'agitation dans la ferme et les allées et venues de quelques terriens entre la ferme et le petit village, rien ne semblait anormal. Et, au cours de la même nuit, on put récupérer la partie du butin cachée dans les environs.

VIE QUOTIDIENNE SUR UMMO

Quand les enfants atteignent 13,7 ans (Terrestres), ils sont réclamés sur notre planète par une espèce d'université où Ecole-colonie polytechnique (que nous nommons unauo wi) contrôlée par le Conseil Supérieur de Ummo (Ummoaelewe).

Le omgeeyie (couple), s'il n'a pas d'autre progéniture, reste seul. Ce qui pour vous, terrestres, constitue un motif de profonde dépression spirituelle, ne provoque pas de réactions affectives négatives dans les cellules familiales de notre planète car notre société considère cette contingence comme quelque chose d'aussi normale que peut l'être le départ de l'époux terrestre pour son travail quotidien.

Ainsi, tant que le jeune (des deux sexes) n'a pas terminé sa formation intégrale dans la unuauo (université), il lui est interdit de voir ou bien d'écouter ses parents ou ses familier sauf en cas de rares occasions.

Il n'en est pas de même pour les parents qui peuvent à des heures déterminées, voir leurs enfants sur le grand écran semi-sphérique du uulodaxaabi (cette pièce commune dans tous les foyers est un endroit voûté en forme de calotte sphérique, formée par une lame de plastique par laquelle on peut voir une image à 3 dimensions transmise par un équipement récepteur qui a une lointaine ressemblance avec la télévision terrestre.

Le spectateur qui se trouve au centre de cette pièce peut ainsi se trouver entouré par un paysage ou bien à l'intérieur d'une usine située à de nombreux koae ( 1 koae = 8,71 Km). Voir la figure n° 31, image 7.

Un jeune couple vit généralement dans sa xaabi (maison) que vous pouvez imaginer comme une tour-pavillon au chalet situé en pleine campagne. Cette maison leur a été fournie par le conseil de Ummo quand le couple, une fois sa formation culturelle et technique terminée, commence à faire partie de la communauté Ummo.

Cet achat n'a pas été effectué avec de l'argent. En un instant, les ordinateurs de notre réseau xanmo ayubaa ont calculé la valeur d'un nombre d'indice qui reflète le rendement intellectuel des 2 membres du couple durant les années d'études, rendement comparé naturellement avec leurs capacités ou coefficient mental, le travail pour lequel ils sont destinés (quoique la femme soit exempte de travail pour la communauté tant qu'elle a des enfants) et autres acquisitions que les 2 époux peuvent avoir réalisés antérieurement. Car il peut leur rester des possibilités d'achat tout comme un terrestre peut avoir l'état financier de son compte bancaire.

D'autre part, les 2 époux peuvent choisir, dans certaines limites de la région (imposées par le calcul), la situation et les caractéristiques de couleur, disposition et structure de leur nouveau foyer.

Mais toute notre humanité ne réside pas dans ces demeures dispersées en pleine campagne. Approximativement 27% de la population vit , pour des raisons de travail, au sein de grandes colonies ou villes qui ressemblent un peu aux villes-jardins terrestres. Mais ces autres habitants ont d'autres compensations en échange.

Nous aimons viscéralement la Nature. Les hommes et les femmes de Ummo orientent et offrent leurs vies à notre créateur Woa ( "esprit de Ummo" ou "centre organisateur du cosmos" ), de façon telle que le contact intime avec sa création : la campagne, notre Iumma qui est l'astre solaire qui illumine les jours de Ummo, les espaces sidéraux, soit toujours présent dans notre esprit.

C'est pour cela qu'il nous semble que la civilisation terrestre vous éloigne de cette nature dont vous faites pourtant partie intégrante. Nous, nous orientons notre technique et civilisation vers une meilleur compréhension de celle-ci.

Il est vrai que pour des raisons biologiques diverses parmi lesquelles (et ce n'est pas la moins importante), une meilleure protection atmosphérique contre la radiation extérieure déterminante dans un bon nombre de mutations génétiques, nous avons sur Ummo une variété de flore et de faune moins riche.

Mais en échange, nous jouissons d'une végétation exubérante due en partie à notre vieux réseau de canalisations hydrauliques réalisé au moyen de tubes construits avec un mortier poreux, tubes à travers lesquels on filtre l'eau, en la distribuant rationnellement dans les strates perméables du terrain, avec une pression calculée en fonction des caractéristiques du sol, et des espèces végétales plantées.

La seule note apparemment discordante est constituée par les Tours-habitations que nous appelons xaabi. Ces tours en forme de champignons terrestres émergent quelques fois, spécialement de nuit, de leur fosse en forme de puits dans lesquelles elles peuvent monter ou descendre à volonté.

Pour un observateur terrestre, la campagne de Ummo, à la nuit tombante, semble remplie de phares côtiers terrestres. Ceci est dû au fait que nos habitations sont giratoires selon la volonté de leurs habitants pour leur permettre ainsi d'avoir la vision continue de l'horizon. Les lumières décrivent alors un mouvement de rotation qui est à l'origine de cette petite illusion d'optique.

Nos maisons, sauf dans des cas exceptionnels, présentent l'apparence externe de grandes plantes thallophytes connues sur terre sous le nom de champignons. Elles sont composées de deux parties bien définies. Une tour ou cylindre central que nous appelons anauannaa et la partie enceinte circulaire en couronne en forme de coupole.

Cette enceinte qui constitue la véritable habitation reçoit le nom de xaabiuannaa.

Observez la figure n°32, Image 1

Voir aussi la figure n°33, images 2 et 3

Cet ensemble peut monter ou descendre jusqu'à ce que le xaabiuannaa soit au ras du sol. Ceci est réalisé par un système qui est inconnu sur terre, un peu semblable à certains équipements pneumatiques que vous utilisez.

Nous utilisons donc une espèce de piston (yooxoa) et un long corps de pompe. La différence est constituée par le fait que nous utilisons de la vapeur de sodium au lieu d'air.

Ce métal à basse température demeure à l'état solide (image 2). Le piston est alors descendu et avec lui notre maison. Mais quand nous désirons (presque toujours à la tombée de la nuit2) émerger et nous élever à un niveau déterminé, un mécanisme excite le sodium par des processus de technique nucléaire. Celui-ci passe rapidement à l'état de vapeur, se liquéfiant au préalable avec un degré d'expansion constant; ce qui fait que le piston monte à une vitesse constante (image 3).

Voir de nouveau l'intérieur de la demeure, figure 34.

Les images 4 et 5 vous montrent la disposition des chambres qui constituent notre unité d'habitation. En réalité, en nous exprimant ainsi, vous pourriez être induits à penser que nos habitations ont, comme vos maisons terrestres, une fonctionnalité bien définie, c'est à dire qu'il existe une espèce de chambre à coucher, une cuisine ou une salle de bains.

Rien n'est plus éloigné de la réalité. N'importe qu'elle iaxaabi ou pièce peut se convertir en chambre à coucher, en "meditarium", cuisine ou salle de jeu.

Si dans chacune de nos tour existent 5 ou 6 (généralement 6) de ces chambres3, c'est parce qu'à un moment donné, l'une d'elles peut être par exemple utilisée comme chambre à coucher pour les enfants pendant que dans la seconde le père fait le repas et pendant que dans la troisième, convertie en salle de bains, l'épouse mélange les essences pour le bain de vapeur qui précède le repas de l'après-midi.

Voyons donc les configuration que chacune de ces chambres peut adopter de manière automatique.

Woiwoaxaabi, qui peut se traduire par meditarium .

Vous, vous l'appelleriez chambre à coucher. Cette transformation revêt deux fonctions : prier, méditer ou dormir. Quand dans notre prochain rapport nous vous parlerons du déroulement d'une journée, pour un couple de Ummo, vous comprendrez mieux la première fonction.

Voyons comment opérerait la femme qui désirerait à la fin de la journée "se coucher" avec son époux.

Vous savez qu'un grande partie des êtres de Ummo "manquent de voix". Nous ne disons pas nous manquons de voix car nous qui sommes sur Terre, faisons partie de la minorité d'exception, même si nous devons amplifier la faible voix émise par notre système phonatoire. Des équipements miniaturisés incorporés dans notre gorge nous permettent de nous exprimer avec des sons parfaitement intelligibles. Malgré cela, la gamme de fréquences est plus restreinte que chez vous ( pour les terrestres, elle est comprise approximativement entre 20 et 10 000 cycles par seconde).

Par contre nous pouvons émettre de manière artificielle grâce, à un système très simple de transcodage à des fréquences comprises entre 15 000 et 20 000 cycles par seconde, des ultrasons convenablement codés.

La femme émet donc signal acoustique ultrasonique qui est dirigé précisément au xaxoou ( siège ) qu'elle a à ses pieds et celui ci s'ouvre automatiquement. Dans l'image 6, vous pouvez observer le système que nous utilisons dans les maisons pour nous asseoir. Une petite fosse sert pour poser et placer nos jambes. Nous n'utilisons pas ce que vous appelleriez coussin ou dossier.

Une fois les époux assis, et une fois la IAXAABI éclairée avec une faible lumière4 de couleur cyan, se déroulent les 24 UIW (1 UIW = 3,1 minutes) que les OMGEEYIE consacre à la méditation et à la prière qui précède le sommeil.

De nouveaux signaux acoustiques fermeront alors les sièges, les époux éteindront alors la lumière pour se dévêtir tous les deux, ensuite, ils allumeront de nouveau et mettront en marche deux dispositifs des deux woioa (voir figure 34); vous les appelleriez lits en voyant ce dessin schématiquement tracé du n°4 bien que leur structure ressemble à un divan terrestre. Il est donc nécessaire de décrire le "lit".

Deux disques émergent du sol et sont rapidement séparés de celui-ci par un système de lévitation électromagnétique. (vous connaissez ce principe bien que sa réalisation vous soit encore coûteuse : un champ de haute fréquence peut maintenir suspendu dans le vide n'importe quel anneau toroïdal métallique). Au niveau de ces anneaux commence à se former un conglomérat de mousse correspondant à un produit chimico-organique qui se solidifie rapidement. Un système de contrôle de l'expansion du gaz donne à ce conglomérat la forme d'un divan spongieux.

Mais ne croyez pas que nous dormons toujours dans ces "lits" : nous avons été éduqués dès l'enfance pour dormir durant des nuits à même le carrelage sans l'aide d'aucun matelas. Nos tissus musculaires sont maintenus dans un état physiologiquement apte à le faire.

L'épouse est conseillère en niaaiodoui (art de disposer esthétiquement les plantes et les roches) mais actuellement elle est exemptée de ses obligations jusqu'à ce que son enfant atteigne l'âge normal et quitte ses parents.

La journée de travail est très réduite pour nos frères de UMMO. En général, elle oscille entre 50 et 75 UIW (entre 2,58 heures et 3,87 heures). Cette période est même plus brève pour les professions qui exigent un travail intellectuel intense ou des labeurs manuels actifs. Une fois nos obligations sociales de travail accomplies, nous pouvons nous consacrer à notre foyer, à la famille et à notre formation intellectuelle, religieuse et technique, ou à notre activité ludique pendant le reste du temps.

Mais pour que vous puissiez comprendre la distribution de ce temps, durant la journée, nous devons vous rappeler que notre jour (ou xii) est divisé par nous en 600 UIW. Chaque 25 UIW équivaut à un peu plus d'une heure terrestre, soit 77,42 minutes.

Ainsi quand nous signalons qu'il est 450, vous devrez interpréter que 23,2 heures se sont passées depuis minuit. Midi sera donc noté, comme il est facile de le deviner, par les 300 UIW.

Il est "196 UIW"5, toute la maison est silencieuse. Cette nuit, ont été fermés les panneaux de protection acoustique construit avec un composé de germanium totalement transparent qui nous sert de toit. Pas une seule fenêtre communique avec l'extérieur. Seule une oreille expérimentée peut entendre le très faible sifflement que produit l'air convenablement dosé, quant à la température, humidité, ionisation et ozonisation, air qui est expulsé par les tuyères de chaque habitations.

Mais il n'en sera pas de même la nuit suivante, car le toit sera retiré automatiquement car les membres de la famille dormiront à ciel ouvert.

Seule une pluie ou une neige intense ou les grandes tempêtes de WIIWIIA pendant lesquelles le vent arrache même les petites particules de roches, peuvent rompre cette séquence qui fait dormir alternativement en ambiance artificielle ou face à la propre nature.

Nos nuit sont intensément obscures. Nous pouvons jouir comme vous de ce merveilleux spectacle (que vous oubliez, submergés dans ces monstres de béton, asphalte et acier des grandes métropoles) comme celui que représente le satellite lunaire. Les étoiles que nous observons apparaissent aussi très nettes quand la voûte céleste est dégagée des concentrations nuageuses.

Par contre, ce que nous appelons uuliboa, semblables aux aurores polaires terrestres, sont beaucoup plus fréquentes que sur la planète Terre toujours dans les latitudes équatoriales. Alors, le ciel adopte un aspect impressionnant. De long rubans ou bandes verts et pourpres apparaissent suspendus à différentes altitudes (plus la latitude est élevée, plus les bandes présentent une plus grande verticalité). A l'horizon, le chromatisme vert ou magenta devient jaune pale ou légèrement orangé.

Ces phénomènes sont fréquents dans les périodes d'activité de notre astre solaire.

Qu'il nous est difficile alors de trouver le sommeil, surtout si nous sommes enfants, en contemplant le superbe spectacle au-dessus de nos têtes !

Il est, disons, 196 UIW. A l'horizon commence à s'apercevoir un doux resplendissement entre l'indigo et rougeâtre dû à l'apparition de Iumma6.

En dehors de la maison, on enregistre une température équivalente à 3° centigrade terrestres.

Nos frères se réveillent bien reposés. Les machines destinées à réveiller les gens sont inconnues chez nous. La formation d'habitudes au moyen d'une efficace éducation de réflexes rendent inutiles ces instruments absurdes qui sont les réveils et qui endommagent chez vous des centres déterminés du neurencéphale. Il existe sur notre planète une norme de discipline rigide qui régule le moment du réveil.

Enfants et adultes échangent des saluts entre eux dans la pièce communautaire où ils dorment et ils se couvrent immédiatement avec les giuduudaa eewe (espèce de cape poreuse étendue, de forme circulaire, dotée d'un orifice central par lequel on introduit la tête et deux autres plus petits pour les bras.

Aujourd'hui c'est le tour de l'épouse de préparer les essences aromatiques pour le bain de vapeur ozonisé. Mais auparavant, chaque membre de la famille émet les signaux codés qui vont faire disparaître les lits de mousse)dans lesquels ils ont passé la nuit. La mousse est comprimée automatiquement, est dissoute par des acides et éliminée par les conduits d'évacuation des liquides7.

Nos frères ne peuvent concevoir de dormir plusieurs fois dans le même lit, qui serait un milieu de culture de nombreux germes. Seule demeure l'anneau toroïdal qui le maintenait en l'air et qui est replacé dans son alvéole correspondante dans le carrelage.

Maintenant tous les membres de la petite communauté se réunissent dans une des chambres. Le père dictera les consignes de la journée après les avoir tous salué en mettant les mains sur la poitrine, puis il rira et commentera divers incidents de la nuit précédente8.

La femme sollicitera ensuite l'avis de tous sur tout ce qui va constituer le projet de la journée.

Pendant ce temps, la mère demeurera dans une des pièces qui va se transformer en exaabi (salle de bains). Elle fait sortir du sol un tube serpentant et flexible dont la tête possède un grand disque avec une multitude de tuyères et de boutons. Elle manipule ces derniers en faisant sortir des embouchures d'aspersion une multitude de jets pulvérisés de parfum. Elle en ferme certains et en ouvre d'autres, en flairant avec une grande attention le mélange.

Le iai keai (art de mélanger des essences aromatiques) est une pratique très vieille sur Ummo. Les femmes ont toujours été supérieures aux hommes dans cet art difficile. La femme consacre à ce soigneux labeur près de 20 minutes, en y prêtant autant d'intérêt qu'une épouse terrestre assaisonnant ses plats.

Les membres adultes de la famille se relaient chaque jour pour ce travail. Il n'est pas difficile de deviner, surtout chez les enfants et même chez les autres, des marques de réjouissances ou de bonne humeur, mal contenues quand c'est le tour de l'épouse de mélanger les essences.

Quand une femme se distingue dans ce très difficile art ancestral, le Gouvernement Général de Ummo lui décerne des distinctions et lui demande de devenir conseillère ou professeur dans la unawo ui (Université).

Notre sensibilité olfactive est beaucoup plus développée que la vôtre. Elle est aussi sophistiquée que votre perception musicale, domaine où les terrestres sont de véritables maîtres.

Dans les temps anciens, la très riche gamme de iai (parfums) était extraite de plantes aromatique, d'arbustes et quelques espèces animales ressemblant aux mollusques terrestres. Aujourd'hui, la variété s'est énormément enrichie et tous les parfums sont produits, en partie synthétiquement. Nous disons en partie car nous avons des frères qui préfèrent, comme un rite, continuer de sélectionner les végétaux dans les forêts pour les distiller ensuite dans leur propre foyer. C'est un hobby comme en ce qui vous concerne la collection de timbres postaux ou sculpter des petites statues d'ivoire.

Quand l'opératrice a trouvé un mélange satisfaisant, elle n'oublie pas d'enregistrer le dosage, convenablement codifié, dans son petit aarbi omaiu (cet appareil est l'équivalent des magnétophones terrestres mais l'enregistrement ne se fait pas par bande magnétique, il s'agit d'une mémoire intégrée par un cristal chimiquement pur de titane).

Cependant, une femme qui se targue d'être une bonne iai yiekeai (mélangeuse d'essences) essayera de ne jamais refaire le même mélange sauf s'il était particulièrement réussi.

Notre spectre de perceptions olfactives et notre mémoire des odeurs sont très étendus. Nous pouvons nous souvenir d'un mélange connu, comme vous vous identifiez un tableau en l'attribuant à tel artiste fameux.

Une femme intelligente n'est pas toujours une bonne mélangeuse et vice-versa. Par exemple: IU 1, le jeune chef de notre mission sur Terre et à qui nous sommes soumis, reconnaît être une très mauvaise mélangeuse.

Enfin, notre sœur de l'exemple que nous vous exposons, a réalisé un mélange qu'elle juge agréable. Dans une autre pièce, tous attendent, réjouis, le début du bain. A l'appel de l'épouse, les parents, l'époux et l'enfant accourent. Ils se mettent à l'intérieur du exaabi et immédiatement affleurent du sol des panneaux semblables aux paravents japonais.

Alors ils se dévêtent tous. Il est incorrect de voir la nudité des autres même s'ils sont du même sexe. Pendant ce temps, l'atmosphère de la pièce est saturée de vapeur aromatisée, de la vapeur d'eau avec une grande quantité de O3 (Ozone) et une multitude de composants aromatiques, constituent le premier bain de la journée. Tous rient et parlent sans arrêt à travers les minces paravents et ensuite les douces séquences de l'aromatisation diminueront. N'oubliez pas que les mélanges se succèdent tout au long de la session, comme une symphonie de nuances olfactives.

Notre bain de vapeur est une véritable partition harmonique où les stimuli olfactifs tiennent lieu de notes de musique. Mais cet exemple ne doit pas vous faire penser que nos mélanges aromatiques d'un usage quotidien jouissent du coté exquis semblable aux merveilleux concert symphoniques terrestres.

Seules, dans des occasions exceptionnelles et dans des concentrations populaires comparables à celles que vous organisez sur la planète Terre pour vos compétitions sportives, se déroulent sur Ummo d'authentiques iaiileaiuuxaa (mélanges spectaculaires de parfums) dans lesquels les nuances aromatiques se succèdent avec un style enivrant et des normes esthétiques très rigoureuses.

Il est maintenant 218 UIW9 pour la famille de notre exemple, l'époux ne pourra continuer à profiter des délicieux arômes du bain. Aujourd'hui la fonction culinaire lui est assignée et, si elle n'est pas ingrate, elle nécessite une série de soins et d'attentions.

Il sort vite de la salle de bain pendant que sa femme, ses parents et enfants lui souhaitent avec ferveur de la chance dans sa mission, pendant qu'ils continuent à se distraire, plongés dans la brume caressante et parfumée qui sature l'espace de la pièce. La pièce voisine peut servir de wamiixaabii (indistinctement cuisine et salle à manger).

De suaves sifflements inaudibles (à quelques 30.000 cycles/seconde) (ultrasons) émis artificiellement par la gorge font affleurer du carrelage ( constitué de rectangles de couleur sépia et mauve) des équipements spéciaux qui constituent ce que nous appelons uamiixanmoo10 (cuisine aromatiques programmées par mémoire de titane).

Sur Ummo, notre planète, il est prescrit, depuis des milliers de xee (un xee équivaut à une année de Ummo) une rotation familiale au niveau de la désignation de certains travaux domestiques. Même les enfants vers les 8 ans ans terrestres sont incorporés aux besognes de la maison avec des responsabilités. Leurs parents, attendris, tolèrent même les déficiences explicables des premiers balbutiements au niveau des mélanges parfumés pour le bain ou au niveau de la sélection des images visuelles du uuloda xaabi (pièce semi-sphérique pour la vision d'images lointaines).

Les enfants prennent donc progressivement conscience de leur responsabilités et de leur importance au sein du groupe familial.

Jamais les parents ne se moquent d'eux ou montrent une impatience mal contenue face aux erreurs ingénues et involontaires de leurs petites mains maladroites. Au contraire la mère les corrige patiemment et affectueusement, leur suggérant par des phrases et des images visuelles, les troubles que peuvent causer une minime distraction ou une erreur imprudente.

Mais aujourd'hui, c'est le tour du père de s'occuper du travail culinaire.

Vous devez sans doute vous poser de nombreuses questions au sujet du déroulement de ces travaux. Par exemple:

Comment la maîtresse de maison fait elle ses achats ?

Où les entrepose-t-elle ?

Comment les entrepose-t-elle ?

Mais ces questions élémentaires sont liées à des schémas stéréotypés Terrestres. En effet l'épouse, sur Ummo, n'effectue pas ses achats dans un magasin de ravitaillement. Le verbe acheter ne peut être utilisé dans son sens courant et il n'est pas nécessaire de transporter nous-mêmes les aliments et autres substances d'usage courant. Il serait très difficile pour un hypothétique visiteur terrestre sur notre monde, de localiser une de nos sœur traînant par exemple un petit chariot rempli de légumes et de paquets enveloppés de papiers graisseux.

Ce n'est pas que nos femmes refusent d'effectuer ce travail ingrat. Au contraire la femme comme l'homme effectuent quotidiennement des exercices sportifs beaucoup plus importants durant les heures ludiques. En réalité notre organisation sociale diffère de la vôtre au niveau des habitudes et des systèmes de mécanisation.

Voir figure n°35.

Vous pouvez voir dans l'image photocopiée que nous avons envoyé antérieurement (image 1) toute une série de tubes cylindriques orientés verticalement et enterrés dans le terrain qui entoure l'ouverture de la colonne axiale de la maison. Ainsi ces tubes de même calibre (ce calibre est universel sur Ummo comme peut l'être pour vous la largeur des voies de chemin de fer terrestre) appelés nuuyaa, constituent un véritable magasin dont la fonction première est de conserver les produits de consommation courante pour la famille (aliments, produits chimiques, gaz liquéfiés, parfum, etc...).

Nous allons expliquer ceci à l'aide d'un exemple:

Nos aliments : naturels, semi-élaborés ou artificiels, sont élaborés essentiellement dans des usines et des galeries souterraines de culture à de nombreux kilomètres de distance et conservés dans des cylindres de même diamètre. Ainsi les juteux inowii - voir figure n°36 - (fruit à la pulpe jaunâtre et à l'enveloppe brune très rugueuse) sont préalablement traités par un bombardement de neutrons pour éliminer tous les germes saprophytes qui pourraient provoquer leur putréfaction ultérieure.

Un fruit ainsi préparé conserve tout son arôme, sa saveur et d'autres qualités, même s'il n'est pas conservé dans un milieu réfrigéré et peut résister plusieurs mois sans s'altérer.

Mais pour éviter sa déshydratation, (c'est à dire qu'il sèche) ceux-ci sont emballés avec une substance gélatineuse (un composé coloré de silicium), l'ensemble ayant une forme cylindrique. Les fruits demeurent ainsi enveloppés dans cette substance semi transparente visqueuse et rosâtre.

La couche extérieure durcit rapidement au contact du nitrogène (Azote), ce qui fait que l'ensemble vous rappellerait l'aspect d'un pot de fruit au sirop.

Il s'agit uniquement d'un produit protecteur qui ne doit pas être exposé à l'air.

Les graisses, les viandes, les végétaux, le glucose (sucre) sont aussi préparés en forme cylindriques de même dimension (standardisés pour tout Ummo), d'une manière semblable à celle que vous utilisez pour la conservation dans des récipients métalliques (boites de conserves).

Ces produits (alimentaires ou non) sont acheminés le long des canalisations citées, semblables aux tubes pneumatiques employés sur Terre. La différence consiste en ce que ceux-ci n'utilisent pas d'air sous pression comme vos systèmes, mais de l'hélium (un gaz inerte) pour la simple raison que l'oxygène de l'air attaque chimiquement la substance gélatineuse qui enveloppe une grande partie des nuugii ( containers ).

Les habitants de la maison peuvent compter sur une bonne provision de produit de consommation qui se renouvelle automatiquement par les conduits pneumatiques à partir des centres d'approvisionnement. Un peu comme un stock de boite de conserves.

Que se passe-t-il si à un moment donné les habitants décident de consommer les doux fruits de inowii ?

Le procédé est assez complexe, mais dans la pratique il se réalise en quelques dizaines de secondes.

Un sélecteur de couronne (non dessiné dans l'image 1 que nous vous envoyons), sélectionne automatiquement en tournant le cylindre-container qui conserve le fruit. Celui-ci est conduit vers la pièce où le fruit a été demandé. Mais avant d'être exposé à l'air libre, il doit traverser un équipement auxiliaire composé d'une enceinte où le cylindre conservateur en gélatine est soumis à l'action d'oxygène liquide. Celui ci attaque fortement la substance gélatineuse protectrice et la dissout. Les résidus (d'oxyde de silicium et de polychlorure) sont éliminés. Le processus doit se réaliser rapidement pour empêcher que la basse température de l'oxygène liquide (185 degrés centigrades terrestres en dessous de zéro) ne détruise les tissus cellulaires de fruit.

Le fruit est maintenant libéré de sa couche protectrice et prêt à être ingéré. Si notre frère ne désire pas mâcher le fruit qui est sorti très froid du processus), il traverse un cylindre d'induction qui augmente légèrement sa température en un instant.

Le fruit juteux est de nouveau entre nos mains, frais et acide, aussi savoureux et aromatique que lorsqu'il a été cueilli de son arbre planté dans les grandes galeries souterraines où la culture artificielle permet de nombreuses récoltes annuelles11.

Laissons notre frère en train de manipuler son équipement doté d'une mémoire de titane et capable de codifier toute une série complexe de programmes emmagasinés avec les instructions pour préparer automatiquement ce que vous appelez plats ou ragoûts12.

En principe, cet appareil pourrait réaliser toutes les opérations sans l'aide de l'opérateur. La mémoire de titane dicte toute une série de "programmes et sous-programmes" (dans le langage terrestre des ordinateurs) aux servomécanismes de l'appareil. Nous allons illustrer cela par un exemple :

- Extraire du récipient tubulaire déjà décrit de la viande de oogixuaa (reptile de viande blanche très prisée).

- Eliminer la gélatine protectrice à l'aide d'oxygène liquide.

- Soumettre la viande à un traitement d'élimination des toxines.

- Hacher la viande ou la couper en fragments (en fonction du programme).

- Assaisonner l'ensemble avec un condiment tonique.

- Ajouter du idia oixii, lait graisseux d'oixiixi (mammifère volant).

Enfin l'ensemble passe par une enceinte (que vous appelleriez four) dans laquelle, même si la température est la même que celle du milieu ambiant, la viande se réchauffe par agitation moléculaire des ses tissus due à la variations d'un champ gravitationnel à très haute fréquence (60 millions de mégacycles par seconde : 60.106 Mc/Sec).

Observez que le réchauffement des aliments n'est pas réalisé par induction électromagnétique hyperfréquence. Nous avons abandonné un tel système depuis très longtemps car les températures atteintes au sein de l'aliment étaient très difficiles à contrôler pour chaque composant chimique des tissus cellulaires. Cependant, nous continuons à utiliser dans les repas réalisés dans la nature, le très ancien procédé qui consiste à griller les aliments par simple combustion, en milieu "oxygène" (flamme normale dans l'air).

Les hautes fréquences de type gravitationnel sont beaucoup moins énergétiques que celles de type électromagnétiques, bien qu'elles soient renforcées par un effet d'auto-résonance gravitationnelle. C'est seulement pour cette raison qu'elles sont utilisées pour ces petites applications domestiques et pour les communications.

Le mari a déjà terminé sa préparation. Pendant ce temps, ses parents et le plus jeune fils se sont de nouveau habillés avec d'autres magnifiques tuniques circulaires, aux riches couleurs. Celles qu'ils ont utilisé antérieurement ont été jetées dans le imaauii (espèce de bouche d'égout), décomposées par l'action d'acides et désintégrés ensuite comme ordures, pour être enfin converties en hydrogène libre. Nos vêtements ne sont presque jamais utilisés plusieurs fois et lavés. Ils sont fabriqués quelques minutes avant leur utilisation dans la maison13. Nous ne "connaissons" pas les tissus.

Le premier repas de la journée va commencer. Il est approximativement 225 UIW14. L'aube vient à peine de se terminer et notre astre solaire se dresse rayonnant entre les grandes brumes indigo et orangées de la matinée.

Vous pourriez penser que cette étape correspond au petit déjeuner terrestre et en réalité c'est le cas à la différence près que celui-ci est le plus long et le plus copieux de la journée. C'est celui qui a le plus riche contenu calorifique dans cet intervalle de temps de trente minutes.

Voir la figure n°37.

Tous sont réunis dans la même pièce cuisine et chacun ouvre son propre xaxoou (siège) dans le carrelage, tout autour d'une zone rectangulaire du sol (image 10).

L'enfant fait aussi émerger du carrelage un tube métallique flexible (image II) dont à son extrémité apparaît un filtre d'aspersion.

Un nuage jaunâtre de fines gouttelettes est pulvérisé sur le sol. Vous pourriez penser qu'il est en train de peindre le parquet. En réalité, il s'agit de créer une fine pellicule qui protège le carrelage et qui sert de nappe.

Voir maintenant la figure n°38.

Du sol s'élèvent aussi des équipements (IMAGE 13) que nous appelons naaxumii et dont nous expliquerons la fonction plus loin.

Voir la figure n°39.

L'époux et l'épouse mettent sur le sol les ioaooi (récipients pour les aliments liquides). Ils en existent de nombreux modèles, l'un d'eux étant reproduit dans l'image n°12.

Chacun est composée de 3 ou 4 récipients ou enceintes sphériques qui conservent durant leur ingestion les liquides alimentaires à une température constante. Ces liquides que nous appelons uamiigodaa sont aspirés par de long tubes flexibles.

La ououamii ( premier repas ) va commencer. Celui-ci débute par une dizaine de minutes de silence. Tous ferment les yeux et essaient d'accommoder leurs esprits avec une constellation de souvenirs agréables. Divers souvenirs, traits d'humeurs, incidents de fêtes. Ce préambule est nécessaire pour imprégner le déroulement du repas d'une ambiance de paix et de joie saine.

Une telle ambiance mentale, indispensable pour l'organisme humain se fonde sur des raisons psychosomatiques. En effet : les altérations émotionnelles négatives comme les états d'anxiété, la terreur ou la peur, les tristesses, les préoccupations, inhibent la sécrétion normale des sucs digestifs provoquant de sérieux troubles de l'appareil correspondant. Il est curieux d'observer comment vous ignorez pratiquement ce principe malgré les progrès de la médecine psychosomatique terrestre qui auraient dû sérieusement vous orienter vers cet aspect.

Il est donc nécessaire que pendant les instants qui précèdent le repas et la fin du processus digestif, la cellule familiale se sente unie spirituellement dans la joie mutuelle. Les enfants, dès leur plus jeune âge, acquièrent ce type d'habitudes ou réflexes entraînant un contrôle mental très actif. A ce moment-là les préoccupations liées au travail, aux études sont bloquées ou réduites au minimum. L'individu subit une régression momentanée à la phase infantile, dépourvue de problèmes transcendants et exempte d'une sensibilité spirituelle aiguë.

Les parents et enfants parlent à peine durant le repas, sans gesticuler. Leurs mouvements sont faibles et leurs muscles sont au repos. Ils se regardent entre eux, se sourient. Les gestes comiques sont énormément prodigués et accueillis avec complaisance et satisfaction, sans rire bruyant.

Vous avez donc compris qu'un tel comportement ne peut être interprété comme un rite ou le fruit de coutumes; il est simplement basé sur une nécessité psychophysiologique.

Tous portent à leur bouche les extrémités (vous diriez filtres) de ces long tubes qui partent des récipients contenant les liquides, qui évoquent les narguilés orientaux. L'aspiration des aliment liquides est donc commencée.

La variété de ces derniers est très grande. Il s'agit de mélanges végétaux d'extraits d'animaux, d'essences aromatiques synthétiques etc...

Compositions qui vous font sans doute penser à des soupes exotiques ou des sauces de lointains pays terrestres.

Ceux-ci sont riches en lipides ou graisses, avec un pourcentage élevé d'hydrates de carbone et aromatisés et toniques; ils contiennent une très large gamme calibrée (pour chaque individu) de facteurs nécessaires pour le métabolisme humain (glucose, galactose, acides graisseux, chlorures, calcium, potassium, iode, tramyne, riboflavine, nicotilamide, acide ascorbique15 ...).

Quelques unes de ces substances sont légèrement douceâtres, d'autres d'un goût acide aromatisé et légèrement salin pour les derniers. Nous pouvons les opposer avec quelques aliments terrestres et nous rappeler leur saveurs analogues, comme par exemple certains coquillages et certaines algues comestibles très appréciées au Japon.

Nous sommes toujours dans la figures n°39.

Nous n'utilisons pas l'instrument cuillère des terrestres, qui attira énormément notre attention lors de notre arrivée en France. La succion au moyen du tube flexible, rappelle ces pailles que vous utilisez pour l'ingestion de boissons rafraîchissantes, avec la différence que nos tubes ont un système de chauffage thermorégulé et que le liquide coule impulsé par une faible pression contrôlée (image 12).

Le moment des uamiigooinuu ( aliments solides ) est arrivé, mais avant tous utiliseront le naxuni. Ceci nécessite une brève explication: revenons à la figure n°40.

Sur notre planète, les aliments sont portés à la bouche quand ils sont solides, au moyen des doigts. Ceux-ci ont maintenant acquis une grande agilité pour les prendre. Car on considère antihygiénique et désagréable que l'épiderme soit taché ou attaqué par les composants graisseux de ceux-ci, les colorants etc...

Dans l'antiquité, on utilisait de fins gants transparents pour cette fonction. Mais depuis longtemps il y a, aux heures des repas, dans la maison ce dispositif ou équipement où nos frères introduisent les mains (IMAGE 13).

Celles-ci sont aspergées par une fine pulvérisation (hydrosols dosés) qui vont se solidifier au contact de l'épiderme et l'envelopper d'une fine couche protectrice qui rejette (par des effets de tension superficielle) toutes les substances graisseuses.

Chaque fois que nous changeons de plats (selon votre expression) nous pouvons dans le même appareil dissoudre ce fin gant artificiel semblable au colloïdium utilisé par les chimistes terrestres, et le remplacer par un autre, ce qui équivaut à nous laver les mains sans utiliser de l'eau ou des détergents. (n'en déduisez pas que le lavage n'existe pas, mais nous en parlerons plus loin).

Voyons maintenant l'image de droite de la figure n°41.

Nous n'utilisons pas non plus de couteaux. Notre eiwoo oinaa sert de couteau. Sa forme extérieure rappelle (image 14) un de ces crayons multiples employés par les terrestres. Il émet par son extrémité un fin faisceau très énergétique d'ondes (fréquence constante de 7,9 1014 cycles par seconde) qui sectionne proprement les aliments jusqu'à une profondeur qui peut être réglée par une mise au point du faisceau conique de fréquence élevée (cette fréquence est comprise dans la gamme que vous dénommez ultraviolet).

Cette seconde étape du repas commence par des rondelles de aimmoa qui se mangent indépendamment des autres aliments.

C'est un fruit de grande taille, d'une saveur suave, dont la pulpe de structure alvéolaire possède une composition féculente très riche en hydrate de carbone, sans graisses. Il fut sur notre planète depuis des époques très anciennes, l'aliment de base de l'homme de Ummo comme pour vous le pain ou le fruit de l'arthrocarpus de Ceylan ou de Polynésie16.

En réalité, sa valeur énergétique est moins élevée que celle du pain terrestre (environ 2,30 calories par gramme), mais en échange son grand contenu en sels et facteurs vitaminiques en fait un excellent aliment naturel.

Une fois son endocarpe ou cœur éliminé, celui-ci est coupé en larges rondelles annulaires et se mange seul ou imprégné de oibiia (extrait graisseux d'un animal marin) ou bien pulvérisé de maltose pur, ou bien gazéifié avec certaines essences synthétiques.

Les convives introduisent de nouveau leur mains l'appareil prévu à cet effet pour dissoudre la couche protectrice et la renouveler.

L'aliment suivant peut être la savoureuse viande de oogixuaa.

C'est une viande de couleur ambre (blanche jaunâtre). Cet animal correspond à une espèce de vertébré qui n'existe pas non plus sur terre et qui présente les caractéristiques propres des reptiles terrestres. Son cou et sa queue sont longs. Les quatre extrémités présentent une morphologie particulière que nous n'avons trouvé sur aucun animal de votre planète (des sauriens actuels ou antédiluviens). Nos plus grands "exemplaires" peuvent atteindre presque un mètre quatre vingt.

Sa viande est la plus appréciée sur Ummo, et nous sommes sur que les plus grands palais terrestres, s'ils étaient dépourvus de préjugés face à l'origine d'un tel aliment, la trouveraient très savoureuse.

Sur notre Planète, nous n'utilisons pas pour le traitement des aliments carnés ou végétaux (que vous appelez friture) aucun type de graisse animale ou végétale. La cuisson se réalise au moyen de divers types classiques de lait animal, deux d'entre eux étant très populaires avec un riche contenu d'acides graisseux.

L'une d'elle est la idiia oixiixii, qui est extraite du mammifère oixiixii dont l'espèce n'a rien à voir avec les espèces connues par vous et cataloguées par les zoologistes de la Terre.

Cet herbivore vertébré de grande taille est un mammifère volant (sur Ummo nous ne connaissons pas de véritables oiseaux, mais il existe une grande variété de mammifères volants). Ses ailes membraneuses n'ont rien de commun au niveau morphologique avec les chéiroptères de la Terre (chauve-souris).

Une autre lait est utilisé par nous pour l'assaisonnement, c'est la idiia giidii. Il s'agit d'un autre mammifère, aquatique, dont la forme rappelle de loin le dauphin et qui vit dans les profondeurs des mers polaires de Ummo.

Comme son emploi date des premiers temps de notre humanité, les propriétés diététiques du second lait cité furent pondérées très récemment.

La famille, une fois l'intervalle d'ingestion ou petit déjeuner (selon vous) terminé, entame la période de repos durant laquelle s'établit un sobre dialogue entre les composants adultes du groupe. Les incidents du travail sont commentés, des thèmes en relation avec les progrès idéologiques ou scientifiques sont discutés, à un niveau qui correspond toujours naturellement avec la formation intellectuelle et l'intelligence des interlocuteurs.

Il est maintenant 246 UIW17, le bref intervalle de repos d'union familiale est terminé. Vous l'appelleriez conversation après le repas et l'époux doit partir à son lieu de travail qui peut être situé à de nombreux kilomètres de distance.

Il se déshabille rapidement dans une pièce voisine, pulvérise ses dents, essuie sa bouche avec des solutions aseptiques et réalise une série de rapides opérations identiques pour protéger les yeux, les oreilles, les fosses nasales, les aisselles, l'aine et les organes génitaux, l'anus et les chevilles.

Après cela il extrait un nouveau vêtement nouvellement confectionné qui s'adapte à la nature de son travail. Il s'agit dans le cas particulier que nous commentons, d'une espèce de salopette très ajustée, dont les couleurs dans ce cas, cercles jaunes sur un fond pourpre, constituent un code complexe de couleurs et formes géométriques chromatiques qui représentent les différentes spécialités professionnelles de notre monde.

L'épouse restera avec les parents de son mari dans la maison, pendant que celui-ci, après avoir pris congé des siens, s'introduit à l'intérieur du gooniioadoo uewa ( véhicule volant ).

Nous désirons vous résumer les procédés de déplacement courants sur Ummo. Sauf dans le cas où le déplacement en contact avec le sol (comme peuvent être certaines applications dans le mouvement des terres constructions hydraulique, motoculteurs souterrains etc...) est indispensable, les déplacements des personnes d'un point à un autre, en empruntant des transports en commun, s'effectuent à l'aide de deux procédés très répandus sur notre Planète.

Le premier est un système individuel. Il s'agit d'un équipement qui s'adapte au corps humain, appelé omemiiueva18, qui permet à une personne de se déplacer d'un point à l'autre dans l'air et à faible hauteur (hauteur maximum 30 enmoo, soit quelques 56 centimètres). Nous l'utilisons quand nous devons parcourir des distances relativement courtes mais presque jamais pour des trajets brefs auquel cas nous utilisons comme vous, les pieds.

Voir la figure n°42.

Mais le véhicule individuel le plus utilisé sur notre planète est sans doute le gooniioadoo (image 16). Sa forme peut vous rappeler certains appareils futuristes dessinés pour voyager ou celle de quelques voitures modernes au profil aérodynamique.

Le procédé de déplacement utilisé est basé sur un principe très ancien pour nous, mais qui n'a pas été modifié essentiellement pour la bonne raison que son système, qui n'a rien à voir avec celui que nous employons pour nos voyages sidéraux dans nos vaisseaux cosmiques est très efficace pour les déplacements sur de longues distances au sein de l'atmosphère.

Observez la figure n°43.

Le système comporte un buutz (moteur) de goonnioadoo (état spécial de la matière qui n'est pas solide liquide ou gaz19), et dont le schéma vous sera communiqué indépendamment (image 17), l'unique combustible étant du tétraflorure de Xénon.

Il est télécommandé par le xanmoo aiubaa (réseau planétaire d'ordinateurs) simultanément avec l'équipement de détection du véhicule qui contrôle à chaque instant non seulement les paramètres météorologiques et la présence d'obstacles statiques, mais aussi la direction probable d'autres véhicules qui voyagent dans les immédiats. Il évite aussi la présence des maisons enterrées qui peuvent émerger rapidement, provoquant des collisions lamentables.

Voir figure n°44.

Ont disparu de notre orographie, les vieilles voies ou pistes sur lesquelles circulaient dans les temps maintenant historiques, ces anciens noia uewa (image 18) qui se déplaçaient au moyen de pieds articulés (l'anthropomorphisme de la technique empêche l'utilisation habituelle de la roue comme moyen de translation) sur des chaussées ou pistes qui diffèrent de vos routes dans la mesure où celles-ci étaient construites en stabilisant le terrain par des additions de composition nettement argileuse, de silicates et d'alumines synthétiques pour que la couche de roulement au lieu d'être constituée comme les autoroutes de la planète Terre à l'aide de conglomérat d'agrégats et de substances bitumées comme l'asphalte, soit constituée avec une couche de bioxyde de silicium fondu à la température de quelques 1700 degrés centigrades terrestres jusqu'à obtenir une épaisse couche homogène cristallisée et rugueuse résistant à l'abrasion et aux charges statiques et dynamiques des véhicules qui y circulent.

Mais ces pistes enlaidissaient d'une manière extraordinaire la beauté du paysage. Notre civilisation paraissait acculée dans ces orientations industrielles et urbaines à corrompre l'esthétique de la nature et nos ancêtres adoptèrent la décision d'éliminer les réseaux de communications qui se trouvaient à l'extérieur, encourageant en échange les procédés de transport souterrain. Surgirent ainsi de nouvelles techniques de transport de matières premières ou de substances en brut. Par exemple les minéraux étaient pulvérisés dans les lieux d'extraction et mélangés avec des mousses de produits chimiques inertes et transportés au moyen de tuyères. Certains agents de liaison semblables aux ciments terrestres et que nous utilisons, mélangés avec des produits plastiques, dans nos constructions, sont canalisés au moyen d'un courant d'air très fort qui les transporte sous forme d'aérosol (poussière en suspension chargé éléctrostatiquement).

Notre sous-sol est donc saturé de très vastes réseaux de tuyères et canalisations dont certaines doivent porter des courants de plasma dont les températures au sein des tourbillons centraux atteignent jusqu'à 2 millions de degrés centigrades (vous pouvez supposer qu'il n'existe pas des parois de tuyère capables de canaliser sans évaporation un gaz ionisé si chaud, et nous avons recours à des enveloppes gazeuses dont le gradient thermique va en diminuant en orientation radiale pour se réduire à proximité des parois à 1200 degrés terrestres ).

La structure de nos paysages fut sauvée. Nous nous consacrâmes à améliorer d'avantage encore l'orographie des champs. De nouvelles forêts furent créées, des accidents géographiques abrupts furent élevés pour donner une apparence plus sauvage à certains terrains arides20. Des canalisations en forme de rivières furent créées, non pas à des fins énergétiques, mais pour transformer esthétiquement des zones désertiques déterminées. Dans les laboratoires "phytotechniques", de nouvelles espèces de plantes avec des fleurs magnifiques furent créées et sur tout Ummo on rationalisa le plan de protection des espèces animales sauvages en réalisant un sévère contrôle de celles dont la disparition fut estimée imminente, tout cela étant synchronisé à cette époque du grandiose Plan Biologique tendant à faire disparaître de Ummo toutes les variétés de virus pathogènes.

L'homme put enfin se débarrasser d'une des tares les plus graves qui était associée au progrès culturel : la distance avec la nature. L'identification spirituelle avec le Waam (cosmos) engendrée par le divin Woa (créateur ou Dieu). Nos frères de ces époques et nous mêmes à notre époque, pûmes ainsi compléter notre formation biologique, alternant nos processus vitaux entre nos maisons et la vieille nature représentée par les grandes roches caressées par les branches des naanaa, des iguu ou des oaxauxaa (arbres typiques de Ummo) et par les vieux volcans qui lancent d'immenses colonnes incandescentes de penthane-oxygène en donnant aux nuits de Ummo un aspect impressionnant.

Et ce contact intime avec la nature, stimule encore d'avantage notre rapprochement religieux envers Woa et nous aide à prier et à évoluer dans notre pensée philosophique, plus pragmatique que la vôtre, mais ce n'est pas pour cela qu'elle est moins profonde.
 

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