LA SCIENCE TROP SÛRE D'ELLE

Je me suis souvent demandé pourquoi les scientifiques s'intéressent si peu au sujet des UFO's qui, pourtant, suggèrent un phénomène de société très important, à l'échelle de toute la planète.

J'ai lu quelque part que la pensée est structurée comme un système organisé de croyances. C'est une bonne vision parce que la pensée est comme une petite machine, avec un certain nombre de rouages, et qui, comme toutes les machines, n'aime pas voir son fonctionnement perturbé par des objets étrangers. Ces derniers doivent donc être éliminés si on veut que la machine marche "correctement". Je pense que les scientifiques ont leur propre vision du monde. Une vision qui, peut-être, comme toujours dans notre histoire, fera sourire nos descendants du troisième millénaire. Mais actuellement, ils s'accrochent à leurs concepts, leurs théories et cela explique pourquoi ils sont assez peu réceptif au sujet des OVNI qui est quand même passionnant, quelle que soit leur origine.

Mais ce qui a été, pour moi, une très grande surprise, c'est de voir que les gens qui s'appellent ufologues sont, finalement, encore plus bloqués que les scientifiques eux-mêmes, ce qui est assez paradoxal.

Je vais prendre un exemple du début des années 90 où il y a eu une affaire très importante dans un petit pays d'Europe, la Belgique. Des gens ont vu beaucoup de "choses" bizarres, des objets qui, souvent, avaient la forme d'un triangle. Parmi les témoins se trouvaient des personnes de qualités et dignes de foi, tels des militaires, des policiers, etc... Donc, c'était une affaire qui pouvait, et devait, être prise très au sérieux. Et, au centre de cette histoire, il y a eu une rencontre, à plusieurs reprises, entre des avions à réaction - militaires - volant à plus de 900 km/h, je crois, et un objet. Mais vous savez, quand ces avions volent la nuit, à basse altitude, ils n'ont pas le temps de regarder à l'extérieur. Les pilotes de ces appareils ont, devant eux, un petit écran qui ressemble à ces jeux vidéos pour les enfants (N.D.T. : et pour les adultes aussi!) et qui s'appelle un radar.

Par le passé, quand un avion avait un radar et cherchait sa cible, celui-ci renvoyait tout ce qui se trouvait sur son passage comme les toits des maisons, les cheminées, les arbres, etc... Le pilote avait donc beaucoup de travail pour essayer de trouver, parmi toutes les taches de son écran radar, la cible qui l'intéressait et qu'il devait localiser. Il effectuait lui-même ce genre d'analyse.

Aujourd'hui, les choses ont évolué. Tout d'abord, l'avion mesure sa position et sa vitesse avec une centrale inertielle qui lui fournit ces renseignements avec une grande précision. Ensuite, le radar envoie ces données à un ordinateur de bord qui effectue les calculs que le pilote effectuait de tête, il y a quelques temps.

Le pilote peut demander à son "computer", par exemple, d'enlever de l'écran tout ce qui ne bouge pas, tout ce qui se trouve au sol. S'il n'y a que des objets immobiles, alors le radar de bord ne montre rien et son écran reste vide. Mais il y a aussi les voitures qui circulent sur les routes, alors le pilote peut demander à son ordinateur d'éliminer celles-ci de son affichage en introduisant une limite inférieure de vitesse. Par exemple, tout ce qui se déplace à moins de 200 km/h ne doit pas être pris en compte. Comme il est assez rare qu'un véhicule routier dépasse cette vitesse, l'ordinateur ne montrera pas les voitures mais les objets dont la vitesse sera supérieure à 200 km/h.

Mais revenons à notre affaire. Au cours de ce fameux vol, au début des années 90, le pilote belge a vu un écho, un "objet" sur son écran. Dans ce cas là, il a un petit "joystick", à côté de son manche à balai, à l'aide duquel il peut diriger un petit repère qu'il place sur l'écho que lui montre son radar, ceci afin de demander à son ordinateur de s'intéresser plus particulièrement à ce "spot" ainsi ciblé. Alors, le radar, au lieu de "regarder" dans l'axe de l'avion, tourne et suit l'écho.

De nombreuses données sont alors enregistrées et une partie de ces informations est affichée sur l'écran H.U.D. (écran de projection sur la vitre de leur cockpit où apparaissent les renseignements de vol, conçu pour faciliter la tâche des pilotes) ou MFD (Multi Functions Display) afin d'informer le pilote, sans l'obliger à regarder à gauche ou à droite, sur la position et la vitesse de l'objet, par exemple. Il y a aussi, chose très importante, la quantité d'échos renvoyés. En effet, si un avion de chasse veut poursuivre un ennemi (les pilotes appellent cela un "bandit") et que celui-ci amorce un virage, le signal va changer et le pilote "ami" saura que l'autre est en train d'effectuer une manœuvre. De cette manière, notre pilote pourra anticiper.

Dans cette affaire, on avait toutes ces choses sur l'écran et, à un certain moment, le pilote a vu que la vitesse de l'objet était passée de 280 km/h à près de 2000 km/h, en un peu plus d'une seconde, ce qui représente une fantastique accélération. Dès lors, la question suivante s'imposait. Est-ce réellement une accélération ou un défaut des radars? Alors, les militaires belges ont envoyé une mission là où les avions et les radars sont fabriqués, aux Etats-Unis. Ils ont demandé aux Américains s'il existait des antécédents de ce genre afin de savoir si les mesures pouvaient être prises en considération. La réponse du fabriquant américain fut qu'il n'avait jamais, jusque là, rencontré ce type de problème. Il y avait donc bien mystère...

Il faut savoir que, dans le monde ufologique, il y a une activité assez étrange et bien humaine, celle-là. Par exemple, la revue française "Science & Vie" a immédiatement donné l'explication. Pour elle, il s'agissait d'un avion furtif, le F-117 américain qui a été déployé pendant la guerre du Golfe et dont les militaires US ont, à ce moment, dévoilé l'existence au grand public. Et pourtant, lors de ces événements étranges, des policiers au sol avaient vu des objets se déplaçant à des vitesses très basses, entre 50 et 80 km/h et ceci dans un silence presque total. La revue française affirmait que les avions furtifs étaient capables de telles performances.

Le F-117, selon elle, pouvait tout faire! Or, il ne faut pas être un grand savant pour savoir que si cet avion vole en-dessous de 250 km/h, il tombe comme une pierre! Et, certes il est très silencieux mais il fait quand même autant de bruit qu'un petit jet biréacteur, du type de celui utilisé par les hommes d'affaires. Ceci est d'ailleurs mentionné dans l'excellente revue "Aviation Week". Donc, pour ce qui est de ces observations d'objets volant à très faible vitesse, l'explication de "Science & Vie" est absurde.

En ce qui concerne les enregistrements des données radar, cette revue française avait une autre explication. L'article sur ce sujet avait été écrit par un ufologue, un monsieur nommé Dominique Caudron. J'avoue n'avoir jamais vraiment compris ce qu'était un ufologue. Ziemmann (?) a une bonne façon de faire la différence entre les géomètres et les algébristes : les géomètres ont une barbe et les algébristes n'ont pas de cheveux. Comme ça, on peut faire la différence. Mais, pour ma part, je ne sais pas comment on reconnaît un ufologue (N.D.T.: les ufologues ont un gros portefeuille et une petite tête!)... Mais cet ufologue-là, monsieur Caudron, disait que l'avion furtif avait trompé le chasseur en envoyant des ondes radar qu'il avait chargées.

Ce n'est pas idiot, a priori, parce que la nature fait aussi ce genre de chose. Par exemple, il y a des papillons de nuit qui, lorsqu'ils reçoivent les ondes ultrason des chauves-souris, renvoient eux-mêmes des ondes ultrason qui sont un peu altérées. De cette manière, la chauve-souris se trompe sur leur vitesse et ne peut ainsi capturer ce pauvre papillon pour le dévorer. L'avion furtif, lui aussi, pourrait changer la fréquence des ondes radar en retour pour faire croire qu'il s'enfuit à très très grande vitesse. Mais là, il y a une donnée supplémentaire.

Le colonel Schweicher, qui s'occupe des micro-ondes à l'Ecole Royale Militaire de Belgique, n'avait pas été très content de la manière avec laquelle les universitaires avaient analysé les données des radar. Il a donné toutes ces informations à un jeune officier qui a travaillé dessus pendant une année complète. A la suite de ses travaux, des choses beaucoup plus précises ont pu être mises en évidence. Par exemple, ils ont montré que, lorsque l'objet inconnu donnait l'impression de s'enfuir vers le sol à très grande vitesse, ce mouvement n'était pas du tout dans le sens du vol de l'avion mais perpendiculaire à celui-ci.

Donc, l'ordinateur de vol est capable de reconstituer complètement la trajectoire de l'objet dans les trois dimensions et pas seulement dans la direction du vol. Et c'est cela qui permet au missile air-air de trouver la cible car il sait où se trouve l'objet dans les trois dimensions. C'est ainsi que l'analyse de ces rencontres, de ces contacts que les pilotes appellent "lock-on" - il y en a eu plusieurs en une heure - montrait que l'objet avait un mouvement de fuite dans un plan perpendiculaire à l'axe de vol et de tir de l'avion, donc du radar. Donc, cette analyse est en totale contradiction avec celle de monsieur Caudron dans la revue française "Science & Vie" qui ne pouvait pas coller.

Mais il y a eu, plus tard, quelque chose qui nous a davantage déconcerté. Je ne me souviens plus du nom de ce professeur d'université (un petit homme aux cheveux blancs qui semblait sorti en droite ligne de la série "Adam's Family' tant le bord de ses yeux était tout rouge) qui, lors d'une émission de télévision, disait que ces phénomènes étaient dû à la réflexion des ondes radar sur des masses d'air turbulentes. Quand j'ai entendu cela, j'ai été très déconcerté et j'en ai parlé à un collègue physicien, de mon université. Celui-ci s'est mis à rire très fort et, après avoir récupérer son souffle, il m'a dit : "Mais c'est idiot, cette histoire! On sait mesurer la vitesse du sang dans les veines avec des ultrasons qui se réfléchissent sur les cellules du sang. Et l'effet Doppler donne avec précision la vitesse du sang dans ces veines. Si tu mets un radar devant une casserole, dans laquelle tu as des objets qui sont en train de s'agiter parce que l'eau contenue est portée à ébullition, tu peux mesurer la vitesse de ces objets par effet Doppler mais cela ne te donneras jamais l'impression que la casserole s'enfuit! Ce que dit ce petit homme est complètement stupide!"

Je trouve assez étrange que des gens, qui sont professeurs dans des universités, qui ont un savoir certain et donnent des cours tout à fait décents, n'utilisent pas leurs connaissances et leurs compétences lorsqu'ils parlent des OVNI. Il me semble que ces personnes envisagent ce problème comme un hobby. C'est déconcertant pour celui qui écoute ce type d'histoire. Derrière ces petites anecdotes, il y a tout le problème de ces gens qui s'occupent des UFO et qui en parlent en public - peut-être, il y a des personnes qui s'intéressent à ces phénomènes amis qui travaillent tout seul dans leur coin - mais ceux qui parlent dans ces associations, dans ces réunions, ces meetings internationaux, sont souvent déconcertants et voir même inintéressants. J'ai entendu des conclusions sur ces rencontres, récemment, et elles ne sont pas très différentes de ce que l'on racontait il y a vingt ans d'ici. On a l'impression que c'est une discipline - si l'on peut appeler l'ufologie une discipline - qui est complètement sclérosée.

Il faut voir les faits depuis le début du phénomène UFO. Cela commence avec la fameuse histoire de Kenneth Arnold, en 1947. Pendant un certain temps, les gens ont été excités à ce sujet et les militaires américains se demandaient, et c'est une réaction normale, s'il ne pouvait s'agir d'engins secrets russes. Tirant les enseignements de leur propre expérience, les américains se disaient qu'ils avaient réussi à conserver leurs travaux sur la bombe atomique dans le plus grand secret et, qu'après tout, les russes pouvaient avoir fait de même dans un autre registre. Alors, les services de sécurité de l'époque et le FBI s'en sont occupé pendant quelques temps car le gouvernement américain s'inquiétait tant les observations étaient nombreuses. Puis, sont venus des gens qui ont déclarés qu'il ne fallait pas s'inquiéter car ces phénomènes ne représentaient pas de menace, n'étaient pas vraiment réels. Tantôt il s'agissait de Vénus, tantôt de la lune. Des arguments ridicules! Il y eut, par exemple, ce physicien américain, Philip Klass, qui expliqua à un pilote qui avait vu quelque chose, que son observation était le fait d'une concentration de petits insectes lumineux, des lucioles, qui s'étaient mises entre les deux vitres de son cockpit! Ce pilote avait été scandalisé et lui répondit qu'il volait depuis une vingtaine d'années et qu'il n'était pas idiot au point de confondre des lucioles avec un objet volant! Ensuite, il y eut cette déclaration de Mr Condon, un physicien important qui avait travaillé sur le projet Manhattan (le projet de la bombe atomique américaine) qui fut reprise par la plupart des journaux de l'époque et qui fut le premier coup porté contre l'étude objective des OVNI. Plus tard, il y eut ce français émigré aux Etats-Unis qui déclara que le phénomène UFO existait bel et bien mais qu'il relevait plutôt d'une activité paranormale et qu'il était complètement inutile d'essayer de comprendre quoi que ce soit par la physique et la chimie, même exotique.

Ces déclarations fracassantes mirent un frein aux travaux "sérieux" sur les OVNI pendant plus de vingt ans. Cependant, on a vu, tout au long de notre première cassette portant sur la MHD, que l'on pouvait reconsidérer la question car il se dégageait certains aspects physiques intéressants dans ces dossiers UFO. Mais maintenant, on a un autre phénomène, celui des abductés et on en parlera plus tard. Là encore, le sujet UFO rejoint des histoires de "witchcraft", des sorcières et autres choses dans le genre. Et là aussi, le résultat est que les scientifiques haussent les épaules et ne veulent pas du tout s'y intéresser.

La MHD (magnétohydrodynamique) montrait qu'il y avait certaines choses concrètes et dignes d'intérêt, scientifiquement parlant, dans le sujet UFO. Maintenant, ce phénomène nous pose une question : s'il s'agit de "machines", elles ne peuvent pas venir de la terre. Même si nous sommes aujourd'hui capables de faire des choses fantastiques avec, par exemple, les avions furtifs, il est hors de question que ces prouesses techniques aient été d'actualité en 1947 ou en 1960. Nous n'avions pas la technologie nécessaire à la réalisation de ces choses-là.

Donc, l'hypothèse de "visites" venant d'un autre système planétaire, à quelques dizaines d'années-lumière de chez nous, se posait et la question pour un scientifique est de savoir si cela est possible. Là, on est obligé d'aborder le problème de la cosmologie, de notre conception de l'univers. Vous connaissez le principe de la relativité qui dit qu'on ne peut pas dépasser la vitesse de la lumière. Les scientifiques prétendent, donc, que c'est impossible car l'étoile la plus proche se situe à environ 4 années-lumière et nous ne pouvons atteindre que le dixième de cette vitesse luminique (300 000 kilomètres par seconde). Il faudrait donc des voyages aux durées fantastiquement longues et des énergies énormes que l'on devrait mettre en œuvre pour réaliser ces voyages. Les scientifiques, dans leur généralité (N.D.T. : pas tous car vous êtes un scientifique!), ne croient pas en cette possibilité.

Mais que savons-nous du cosmos et de l'univers? Tout au long de notre histoire, les concepts et les idées ont toujours changé. Avant la théorie de la relativité, Lord Kelvin, qui est un anglais fort respectable, avait déclaré qu'il n'y avait plus rien à tirer de la physique et que notre savoir sur ce sujet était exhaustif. De tous temps, il y a eu des gens pour affirmer ce genre d'ineptie. Cependant, il y a une chose que le public ignore : la technologie fait des progrès absolument fantastiques. Il suffit de voir l'évolution de l'informatique domestique : nous avons des "computers" de grande puissance, des CD-ROM, etc... Tous les jours, les choses avancent et progressent. Mais, au point de vue de la science fondamentale, on stagne depuis trente ou quarante années et cela, les gens l'ignorent. Les grands progrès des connaissances physiques ont été réalisés entre 1895 et 1932. Les derniers travaux vraiment intéressants sont ceux de Feldman et s'arrêtent à la fin des années 40. Après, on commence à être embêté parce que la physique repose sur l'expérimentation et lorsque qu'on établit une théorie, on aime que l'expérience vienne confirmer celle-ci. Ces choses se sont arrêtées avec la théorie des quarks, de Gell-Mann, lorsque l'on a pas pu isoler les quarks. Là, on peut se demander si nous avons une bonne approche de la physique et de la nature et si nous ne sommes pas perdus au milieu de nos propres rêves.

Au-delà de cette théorie sur les quarks, vous savez peut-être que les américains ont un nouveau projet qu'ils appellent les "superstrings", les super-cordes. C'est un peu difficile d'expliquer la nature de cette approche complexe mais elle a une particularité extraordinaire : elle ne donne aucune observation ni ne permet l'expérimentation. Pourquoi? Parce que, dans cette conception, on ajoute des dimensions à l'espace-temps. L'espace-temps a quatre dimensions : trois dimensions d'espace et une de temps. Et dans cette théorie des superstrings, on a six dimensions supplémentaires. Dès lors le physicien considère que la nature est comme une sorte de tissu et on ajoute une structure plus intime à ce tissu qui est un objet à deux dimensions constitué de mailles. Alors, le "physicist" dit qu'il veut bien "jouer" avec ces mailles mais comment faire? Quel est la taille de ces mailles? En physique, la taille de ces mailles, c'est l'énergie, c'est la longueur d'onde. Or, dans les superstrings, il y a six façons supplémentaires de tisser le réel, six sortes de mailles... Les équations donnent des réponses qui sont très surprenantes. La dimension caractéristique est alors la longueur de Planck, 10-33centimètres. C'est extrêmement petit et si l'on considère cette longueur de Planck comme une longueur d'onde, on peut lui associer une énergie que le physicien doit employer pour réaliser ses expériences sur ces choses. Mais elle est tellement fantastique qu'il faudrait utiliser un accélérateur de particules qui ait la taille d'une galaxie! Donc, les expérimentateurs, quand on leurs parle de superstrings, ils haussent les épaules et disent : "On reviendra vous voir quand vous aurez quelque chose de plus sérieux à nous proposer".

Il y eut en, en janvier 1996, un meeting dans le Colorado (N.D.T. : le nom du patelin est incompréhensible), aux Etats-Unis, auquel je me suis rendu et un ami a fait un article dans la revue "Scientific American" parue ce même mois. Vous pourrez donc vérifier ce que je vous dis ici. Cet article montre bien dans quelle situation de désespoir se trouve la théorie quantique moderne. Les gens ne savent plus de quoi ils parlent! Et lorsque le journaliste demanda à un éminent physicien-théoricien : "Pouvez-vous me décrire la théorie des superstrings en sept mots?", le physicien répondit : "Oui. Oh God, why you're forsakken me?". Ce qui veut dire, en français : Oh Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné? Cela montre bien l'état d'esprit des théoriciens d'aujourd'hui... La dernière phrase de l'article est, je dois l'avouer, assez grossière car elle se réfère à une parole dite, en guise de conclusion, par le célèbre théoricien, le professeur Susskind : " I personnaly think it's a lot of crap!" (Je pense personnellement que ceci est un tas de merde...). C'était la fin du colloque et la nuit commençait à tomber... Mais cette phrase fut publiée dans "Scientific American".

Vous voyez donc que sur le plan microscopique, les choses sont assez décourageantes. Et au niveau macroscopique, cosmologique, cela ne va guère mieux. On a lancé un télescope spatial, le fameux Hubble, qui parvient à faire des choses fantastiques. Par exemple, il montre combien l'univers est vaste. En effet, il a visé une toute petite région de l'espace qui est grande comme le chat d'une aiguille que l'on tiendrait à bout de bras. Jusque là, on savait que cette petite partie du ciel était tout noire, il n'y avait rien, ni étoile proche ou lointaine, ni galaxie. Et Hubble est resté à regarder dans cette direction pendant 180 heures. Le résultat est que l'on a trouvé, je crois, entre 5 000 et 20 000 nouvelles galaxies se situant entre 2 et 12 milliards d'années-lumière de distance. Donc, Hubble est un instrument tout à fait fascinant mais en 1994-1995, ce télescope a donné des résultats qui ont été très déconcertants pour les astrophysiciens.

Vous savez, on a deux façons d'évaluer l'âge de l'univers. On connaît, à peu, près le fonctionnement des étoiles, on connaît la quantité d'énergie qu'elles émettent, on connaît leur masse, on a une idée sur les mécanismes qui servent à produire cette énergie. Donc, à partir de là, on peut évaluer l'âge des étoiles. Et dans des systèmes de la galaxie, appelés des globulic clusters, des amas globulaires, il y a de très très vieilles étoiles qui ont, au moins, quinze milliards d'années. C'est la première façon d'évaluer l'âge de l'univers.

La seconde façon consiste à considérer que l'univers est en expansion et que le contexte est un peu celui qui résulte de l'explosion d'une bombe. Si vous filmez une grenade qui explose et que vous avez une photo qui montre des fragments, le temps de pause vous donne la vitesse des fragments. Vous pouvez ainsi remonter le temps et calculer le moment où la grenade n'avait pas encore explosé, c'est-à-dire le temps qui s'est écoulé depuis l'explosion. Les morceaux de grenade, pour l'astronome, ce sont les galaxies qui se trouvent très loin de nous. Si on peut connaître leur distance et leur vitesse, alors on peut calculer, en fonction d'un modèle, le temps où l'univers venait juste d'exploser selon la théorie en vigueur aujourd'hui, celle du Big Bang.

Mais le problème ne réside pas dans la vitesse, que l'on peut calculer grâce à l'effet Doppler et qui donne, on le pense, une idée assez précise sur la vitesse de fuite des galaxies, si c'est une vitesse de fuite qui donne l'effet Doppler. Mais c'est la distance qui pose problème parce qu'on ne sait pas l'évaluer avec certitude sans connaître avec précision la nature de l'objet qui vous envoie de la lumière. Si vous voyez un phare de voiture et que vous l'avez photographié, on peut calculer la distance à laquelle se trouve la voiture. Mais cela dépend du phare. Est-ce un petit ou un grand phare? Vous pouvez faire des erreurs considérables sur l'évaluation de la distance du véhicule. On avait donc cherché des galaxies qui se situaient à très grande distance pour avoir la plus grande précision possible. En effet, si on prend les galaxies qui sont proches de nous, elles ont des mouvements turbulents qui n'ont rien à voir avec leur mouvement d'expansion. Par exemple, si vous prenez Andromède, qui est la galaxie la plus visible, elle nous tombe dessus. Elle n'est qu'à 2 500 000 années-lumière et le fait qu'elle tombe sur la terre est essentiellement dû à son mouvement turbulent. Donc, ce sont les lointaines galaxies qui sont intéressantes pour mesurer l'âge de l'univers.

Alors, on a essayé de calculer l'âge de l'univers à l'aide de la loi de Hubble (N.D.T. : la vitesse de fuite d'une galaxie est proportionnelle à sa distance par rapport à la Terre et plus la distance est grande, plus la vitesse de fuite est élevée - la loi de Hubble énonce que cette vitesse est égale à la distance multipliée par une constante dont la valeur est comprise entre 50 et 100 kilomètres par seconde et par mégaparsec valant 3,26 millions d'années-lumière). Vous avez sans doute entendu tout un tas de gens faire des évaluations et des comparaisons sur cet âge de l'univers, sans jamais être très précis. Ceci donna lieu à de nombreuses controverses.

Mais en 1994-1995, le télescope Hubble a fait une chose terrible, il a pu mesurer la distance de galaxies qui se trouvaient à 48 et à 55 millions 'années-lumière. Comment peut-on faire une chose pareille? Et bien, les distances des étoiles peuvent être mesurées grâce à la méthode du parallax. Pour vous expliquer cette méthode, illustrons notre propos d'un exemple. Vous regardez un objet qui se trouve dans votre pièce et vous fermez un œil, puis vous fermez l'autre et les objets qui sont les plus proches bougent un peu par rapport à ceux qui sont derrière, un peu plus loin. C'est ce qui se passe quand la Terre tourne au tour du Soleil : les étoiles qui sont à distance modérée bougent par rapport aux autres qui sont très loin. Et c'est Bessel, un allemand, qui utilisa cette méthode, en 1838, pour effectuer la première mesure précise d'une distance stellaire. Ce ne fut possible que grâce à l'invention de la photographie.

Au 16ème siècle, l'astronome danois Tycho Brahe avait fait des mesures sans plaque photographique et il avait conclu que la Terre ne pouvait pas bouger parce que les étoiles ne bougeaient pas. En fait, elles bougent très très peu et on ne peut montrer cela qu'avec la photographie. Mais ça ne donne pas les distances avec grande précision. Dès que l'on dépasse une distance de 100 années-lumière, on commençait à faire de grosses erreurs. Il est impossible, dans ces conditions, d'avoir des résultats fiables pour un milliard d'années-lumière et, donc, le parallax n'est plus efficace. Il ne marche plus.

Mais une compatriote anglaise du début de ce siècle, Miss Andrew Lewitt (?) a trouvé que certaines étoiles variables, les céphéides, avaient une fréquence qui était directement liée à la quantité de lumière qu'elles émettaient. Dès lors, comme elle pouvait mesurer la distance de certaines céphéides en recourant à la méthode du parallax, Miss Lewitt a donné un système d'étalonnage. Ainsi, on pouvait évaluer la distance d'une céphéide simplement en mesurant sa période, c'est-à-dire le temps de variation de sa lumière. Si une céphéide avait une certaine période, alors elle émettait une quantité de lumière que l'on connaissait et que l'on mesurait une autre quantité de lumière et que la puissance lumineuse varie comme l'inverse du carré du rayon de la distance à l'étoile, alors on pouvait connaître la distance à l'étoile. (N.D.T. : ce paragraphe n'est pas clair)

Et c'est comme ça que Hubble a montré qu'Andromède était une galaxie qui se trouvait à plusieurs millions d'années-lumière parce qu'il a trouvé une céphéide dans "Andromeda". C'est ainsi que, pour la première fois en 1920, nous avons su que les galaxies se trouvaient en dehors de la Voie Lactée, beaucoup plus loin. Ce monsieur Hubble avait une telle capacité d'observation qu'il a pu trouver des céphéides dans ces deux galaxies, respectivement à 48 millions d'années-lumière et 55 millions d'années-lumière. Le résultat a été terrifiant : ces galaxies étaient deux fois plus proches que l'on pensait. On se trompait complètement sur les distances des galaxies! Et une incidence de cette découverte a été que l'univers avait seulement huit milliards d'années. Il était donc beaucoup plus jeune que ce que l'on avait estimé jusque là.

A ce sujet, la revue "Nature" a publié un article qui disait que, désormais, il allait falloir réfléchir car rien n'allait plus : un univers de 8 milliards d'années ne peut pas contenir des étoiles qui sont âgées de 15 milliards d'années!

Vous voyez que nous vivons une époque particulièrement intéressante parce que nous rencontrons des problème avec la physique des particules, où on ne comprend plus rien du tout, et il y en a d'autres en cosmologie où l'on ne comprend plus rien du tout non plus!

Mais il y a un modèle qui a été imaginé en 1931 par Mr ... (?), celui de la supernova. La supernova est une étoile de très forte masse qui explose en laissant un petit objet qui est une étoile à neutrons. Jusqu'ici, on a trouvé entre 200 et 300 étoiles à neutrons qui émettent des rayonnements radioélectriques et, autour, il y a tous les débris de la supernova que l'on peut aussi photographier. Et en 1987, on a pu observer dans de très bonnes conditions, une supernova qui se situe dans le nuage de Magellan. Les astronomes , et surtout les radioastronomes, ont cherché l'étoile à neutrons qui devait rester. Mais là, surprise, il n'y a pas d'étoile à neutrons, il n'y a pas d'émission... Tous les jours, les astronomes rencontrent des problèmes.

Autre chose, à présent. On reçoit, une fois par jour, en moyenne, des flashes gamma, des émissions de rayons gamma extrêmement violentes et on ne sait pas pourquoi. On ne sait pas comment marchent les quasars. On ne sait pas pourquoi les galaxies n'explosent pas. Vous savez sans doute que nous vivons dans une galaxie que l'on appelle la Voie Lactée. C'est un ensemble de 200 milliards d'étoiles dont notre soleil qui est une étoile relativement moyenne au sein de cette ensemble, et la galaxie tourne. Donc, les étoiles subissent la force centrifuge. Normalement, pour que notre galaxie soit équilibrée, il faut qu'il y ait suffisamment de force gravitationnelle pour retenir les étoiles. Or, on sait depuis longtemps que la galaxie tourne trop vite. Elle devrait exploser mais elle n'explose pas... Le soleil aurait dû partir avec nous depuis des milliards d'années. Tout cela est assez gênant pour les astrophysiciens.

Ensuite, les galaxies ont une certaine façon de tourner : elles tournent beaucoup trop vite à l'extérieur. On a aucun modèle théorique pour décrire une galaxie. On ne sait pas comment elle se forme, on ne sait pas comment elle tourne, bref, on ne sait pas comment elle fonctionne. Aujourd'hui, les théoriciens sont obligés d'utiliser des concepts comme la "dark matter", la matière sombre. Et tous les phénomènes cosmologiques et physiques actuels s'expliquent avec des idées, des concepts que l'on ne peut ni observer ni expliquer. Ces choses sont purement spéculatives. La galaxie n'explose pas parce qu'il y a de la matière sombre. La structure spirale des galaxies se forme parce qu'il y a de la matière sombre.

L'univers, à une très grande échelle, a une forme d'éponge. On a découvert cela, il y a une vingtaine d'années. La seule explication envisageable pour l'instant, c'est qu'il y a deux sortes de matière sombre : la froide et la chaude. Alors, je vais vous dire mon sentiment. Je pense que dans le domaine de la science, actuellement, pour ce qui est de l'astrophysique et de la cosmologie, c'est un peu comme au temps où l'on pensait que le mercure montait dans les thermomètres parce que la nature avait horreur du vide! On se sert souvent de choses qui sont complètement hypothétiques.

Ensuite, au niveau des particules élémentaires, cela me rappelle aussi l'époque de Ptolémée quand celui-ci décrivait les trajectoires des planètes autour du soleil avec des combinaisons de cercles, avec des épicycles, parce que la trajectoire de Mars, de Vénus et de toutes les planètes ne fonctionnait pas avec un système circulaire. Donc, il fallait combiner des cercles avec un mécanisme incroyablement complexe. Et lorsque Copernic apporta la fin de cette idée, et Keppler par la suite, ils ont calculé la trajectoire des planètes avec 48 cercles. Et, actuellement, il y a des gens qui se demandent si la physique des particules ne sont pas un peu les épicycles de Ptolémée. C'est une chose très "vicious" parce que les épicycles de Ptolémée marchaient très bien. A chaque fois qu'il y avait un petit écart par rapport à la théorie, il ne restait qu'à rajouter un cercle et la théorie remarchait. Nous, nous rajoutons des particules à l'infini pour décrire les choses. Alors, ou il y a une infinité de particules élémentaires, ce qui est en-soi un peu absurde, ou alors, on appréhende les choses sous un mauvais angle, on a une mauvaise vision de la Nature. Ce ne serait pas la première fois qu'une telle chose arrive puisque la mécanique quantique a déjà changé les choses profondément.

Avant notre siècle, certaines personnes ne pensaient pas que les atomes pouvaient exister. Il en est ainsi pour le chimiste français Marcellin Berthelot, qui inventa la thermochimie, lorsqu'il fit cette déclaration : "Je ne peux pas croire en des choses que je ne vois pas". Ensuite, Rutherford a montré que les atomes existaient. On croyait alors que c'était des petites billes très dures. Puis arriva la mécanique quantique qui démontra encore autre chose : cela pouvait être aussi des ondes. Mais nous sommes peut-être encore loin de la vérité. Il y a les particules, il y a les ondes mais il y a peut-être quelque chose d'autre que nous allons trouver dans 10, 20 ou 30 années... C'est simplement le destin de l'Histoire des Sciences d'être en perpétuelle mutation, de changer continuellement. Donc, on ne peut pas conclure sur des situations présentes avec la science actuelle parce que la Science future donnera sans doute des explications différentes de celle d'aujourd'hui. Tous les raisonnements qui sont basés sur les modèles cosmologiques standards, sur la structure "standard" de l'univers, ne sont pas valables parce que, tout simplement, ils ne fonctionnent pas.

Dès lors, il est impossible d'affirmer que les UFO ne peuvent pas être des machines volantes venues d'autres planètes, en fonction de l'idée que nous avons de la physique et de la cosmologie. Simplement, nous n'avons pas d'idée du tout...

© 1996-1998 GLORIA OLIVÆ

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