Évolution intérieure

Nous réalisons maintenant que seul un changement profond et généralisé de nos comportements individuels et collectifs en tant que consommateurs de ressources et utilisateurs de technologies polluantes parviendra à inverser la destruction accélérée de notre environnement planétaire. Un changement fondamental doit en effet survenir au sein de la conscience humaine pour qu'un tel miracle se produise. C'est au sein de la conscience de chacun d'entre nous que se joue l'avenir de l'humanité et du monde. Et c'est là-même que se prépare le prochain bond quantique de l'évolution anticipé par Peter Russell. La perception que nous avons de nous-même doit changer. L'ensemble des idées et concepts à partir desquels nous construisons notre interprétation de la "réalité", le paradigme intérieur servant de point de référence à notre vision du monde, doit aussi évoluer. Enfin, notre mode de vie devra peu à peu se transformer pour qu'une nouvelle relation synergique émerge avec notre environnement naturel si nous voulons arriver à préserver la viabilité globale de la Terre et permettre une intégration harmonieuse de chacun dans le fonctionnement du super-organisme gaien.

Une des plus grandes myopies de la conscience qu'il nous faut d'abord réformer est la mauvaise habitude de se percevoir comme étant isolé, séparé, coupé de tout ce qui est à l'extérieur de nous, de la Nature, de nos semblables, de l'univers. Chaque être humain se croit sur une île, vaquant à ses occupations sans se soucier des conséquences, puisant dans l'environnement les ressources nécessaires à sa survie, puis à son confort, mais aussi parfois malheureusement à son enrichissement démesuré. Cette perception de « l'ego isolé dans sa carapace », comme le décrit si bien Russell dans son premier livre, fait de chacun de nous le centre de tout et voue à sa perte l'écosystème planétaire qui ne peut satisfaire les besoins insatiables d'une culture axée sur la possession du maximum de biens matériels possible et la consommation de tout ce que notre pouvoir d'achat individuel nous permet d'acheter. Cet illusoire sentiment de séparation, justifiant l'exploitation éhontée de ce qui nous entoure à des fins purement personnelles, est ce qui doit donc d'abord être éliminé. L'antidote ou le contrepoids de cette tendance naturelle à tout faire graviter autour de notre ego, une habitude acquise lors des premières étapes de notre développement psychologique durant l'enfance, se trouve du côté d'un éveil progressif de la conscience supérieure liée au Moi intérieur vivant pour un temps l'expérience de l'incarnation dans la matière. Nous entrons ici bien sûr dans le domaine de la croissance spirituelle qui connaît aujourd'hui un essor sans précédent. L'expérience ineffable, presqu'impossible à communiquer, de la pensée unifiée au Tout Universel qu'un nombre croissant d'individus vivent à travers toutes sortes de voies d'éveil spirituel est le fondement de cette transformation qui est en train de balayer le monde.

Issu de la convergence de la pensée scientifique de pointe, qui reconnaît l'indivisibilité de l'ensemble de l'univers, avec la sagesse millénaire des philosophes et grands mystiques de tous les âges, un profond courant de renouveau de la pensée humaine fait jaillir la perception de notre unité essentielle avec la Nature, amenant la réalisation que notre destin collectif est intimement lié à celui de notre environnement naturel et planétaire. La naissance de la conscience écologique des années 90 n'est qu'une des multiples facettes de cette profonde transformation de la conscience humaine présentement en cours. C'est une véritable illumination spirituelle qui atteint un à un les êtres humains, ouvrant de plus en plus grandes les portes du coeur d'où émergent un amour et une compassion sans bornes pour tout ce qui vit.

C'est un lieu commun aujourd'hui que de dire que le 21e siècle sera spirituel ou ne sera pas, pour reprendre la célèbre maxime attribuée à l'écrivain français André Malraux. Déjà au début des années 80, une étude menée par deux sociologues américains établissait que 43% des personnes interrogées avaient vécu une expérience les ayant amenées à transcender les limites de leur moi habituel. Ce type d'expérience, source d'un bonheur profond et durable, ouvre en général la conscience à l'unité de toutes choses, selon ce que les gens rapportent. À la différence des enseignements spirituels du passé, souvent déformés par des interprétations abusives et oblitérés par une dogmatisme religieux fanatique, l'expérience personnelle et intuitive de la réalité cosmique déclenche une véritable mutation de la conscience qui n'a rien à voir avec une approche purement intellectuelle et rationnelle de l'existence.

La méditation selon des techniques permettant une authentique plongée dans les profondeurs de la psyché humaine, un dépassement des limites étroites de l'ego, est l'outil par excellence de l'éveil spirituel. Pourtant, malgré toutes les techniques disponibles, en dépit de toutes les avenues, de toutes les possibilités d'évolution intérieure qui s'offrent à tous ceux et celles qui veulent grandir spirituellement, la véritable illumination est encore aujourd'hui un phénomène rare qui ne se gagne qu'au prix d'une vie d'efforts persévérants, de service et de dévouement à la cause de l'évolution intérieure des êtres. Bien des illusions doivent encore être
dissipées avant que l'espèce humaine dans son ensemble ne puisse franchir le seuil de ce nouveau bond évolutif qui nous attend dans un proche avenir. Mais encore faut-il aujourd'hui faire les bons choix et réorienter dès maintenant notre vécu individuel et collectif vers la réalisation de cet équilibre intérieur et cette harmonie extérieure qui seuls permettront d'atteindre l'illumination collective.

Peut-être l'expérience menée avec des singes sur une île japonaise il y a plusieurs années, telle que rapportée par Lyall Watson dans son livre Lifetide publié en 1980, permet-elle d'avoir un aperçu de ce qui rendra possible une semblable mutation planétaire de la conscience. Voici donc ce qui s'est produit à l'automne de 1958 sur l'île de Koshima au Nord du Japon. En effet, depuis 1952 des scientifiques y observaient un groupe de singes de l'espèce Macaca Fuscata. Une partie de l'expérience consistait à donner des patates douces aux singes et voir en quoi cette nouvelle nourriture allait modifier leurs habitudes alimentaires. Les singes aimaient ces patates mais la terre qui collait à la pelure leur déplaisait. Une jeune femelle de 18 mois découvrit qu'en lavant les patates dans un ruisseau ce problème était éliminé. Peu à peu, entre 1952 et 1958, d'autres singes adoptèrent cette nouvelle habitude. Puis, à l'automne 58, un phénomène stupéfiant se produisit devant les scientifiques. Soudain, comme était atteinte une "masse critique" d'environ 100 singes qui avaient acquis cette nouvelle pratique, presque tous les autres singes à l'exception des plus âgés, et même, rapporte-t-on, ceux qui vivaient sur d'autres îles et n'avaient donc jamais eu de contacts physiques ni avec les singes de l'île de Koshima, ni avec les patates douces, tous se mirent alors spontanément à laver leur nourriture avant de la manger... La légende de ce qu'on a appelé par la suite le "phénomène du Centième Singe" était née!

Ce phénomène de masse critique peut sans doute également se produire pour l'espèce humaine. Lorsqu'il y aura suffisamment d'êtres humains qui auront intégré dans leur vie et leur psyché profonde la conscience de faire partie d'un Tout planétaire et universel, cette conscience se répandra alors comme une traînée de poudre, transformant du jour au lendemain notre perception de la Vie et nos priorités. Ce sera un peu comme si l'on s'éveillait tous ensemble d'un mauvais rêve dans lequel nous sommes tous, d'une façon ou d'une autre, prisonniers de nos illusions et de nos peurs. Cessant d'être perdus dans les illusions sans fin de ce rêve collectif, nous deviendrons le rêveur du rêve, consciemment; nous comprendrons notre raison d'être dans l'univers et réaliserons du même coup qui nous sommes.

Certainement pas ce corps que nous habitons. Certainement pas cet emploi que nous occupons. Ni tous ces souvenirs et tous ces projets que nous avons. «Connais-toi toi-même», nous enjoignaient les anciens Grecs. Cette éternelle quête de l'humanité est aujourd'hui devenue d'une vitale nécessité pour la survie de notre espèce. Après cette étourdissante descente dans la matière que nous avons dû faire, après les balbutiements d'une conscience à peine éveillée des brumes de notre longue évolution biologique, après une longue lutte pour assurer notre survie physique, nous sommes parvenus au seuil d'une incroyable découverte, d'une éblouissante révélation. Nous sommes sur le point d'être libérés de la peur, de nos conditionnements, de notre attachement au temps et surtout d'une perception faussée de nous-mêmes. Le véritable travail, celui de notre propre éveil, a enfin commencé.

 

Le détachement intérieur et l'ouverture au divin

J'aimerais ici vous raconter une petite histoire allégorique, tirée du plus récent livre de Peter Russell, The White Hole in Time, qui exprime fort joliment de quelle façon l'être humain peut arriver à se libérer de ses peurs et de ses conditionnements pour enfin goûter à la véritable liberté d'esprit d'un être illuminé. Nous sommes tous un peu, écrit Russell, comme un homme à qui on aurait dit toute sa vie de se tenir fermement à une corde et de ne pas la lâcher sous aucun prétexte au risque de tomber et mourir. Arrive un sage qui lui dit que la sécurité offerte par la corde est illusoire et que s'il consentait à prendre le risque de la relâcher un peu, il en éprouverait une joie profonde et une réelle sécurité. Un seul doigt d'abord lui suggère-t-il... Après quelques hésitations, l'homme se dit qu'il ne risque pas grand chose après tout pour goûter à un peu de
béatitude et il tente le coup.

Comme promis, il en ressent une grande joie, mais ce n'est pas suffisant pour amener un bonheur durable. Après avoir été ainsi encouragé par le sage à relâcher graduellement sa prise sur la corde, un doigt après l'autre, l'homme en arrive enfin à surmonter la grande peur qu'on lui avait inculquée et il relâche le dernier doigt qui le retenait à la corde. Son bonheur est total et, à sa grande surprise, plutôt que de tomber, il réalise qu'il est simplement debout sur le sol ferme et qu'il est enfin libre d'aller où bon lui semble. Il en est de même pour nous. Il suffit de relâcher peu à peu notre adhésion à la transe culturelle qui nous maintient dans une illusoire sécurité, pour accepter enfin le risque de découvrir l'univers d'un oeil différent et ainsi changer totalement notre perception sur tout ce qui nous entoure et surtout sur nous-même.

Ce lâcher-prise, si l'on s'y abandonne de tout notre coeur, nous ouvrira la porte sur un univers merveilleux où nous vivrons des instants véritablement divins. Survenant parfois comme par magie, par la grâce d'une conjonction unique de circonstances et de disponibilité intérieure, ces moments d'extase, toujours trop courts mais d'une indescriptible intensité, marquent à tout jamais la conscience et laissent entrevoir l'extraordinaire conscience d'être et l'ineffable paix de l'âme qui nous attendent lorsque nous aurons retrouvé le Chemin qui mène à Dieu. Après avoir vécu de tels instants, l'on ne peut ensuite que trop bien réaliser à quel point nous sommes attachés à nos désirs, à nos craintes, à nos opinions et à tout ce qui nous maintient dans l'Illusion.

La pratique du détachement, surtout le détachement du fruit de nos actions, et la découverte du Soi profond que de telles expériences nous amènent à faire, nous mettent alors sûrement sur la Voie royale menant à l'illumination de l'être. Nous cultivons l'art de vivre le moment présent, laissant de côté les souvenirs passés préoccupants et toute inquiétude face à l'avenir, demeurant indifférents au bavardage omniprésent de notre incessant dialogue intérieur, pour centrer toute notre attention au sein de la pure essence de notre être, dans la conscience du veilleur silencieux qui sait, observe et est. Ainsi libéré du fardeau de tout ce qui le
retenait dans le monde phénoménal de la matière, notre esprit peut alors se tourner vers le véritable service, rire sereinement grâce à tous les petits bonheurs que la vie apporte et resplendir d'un amour inconditionnel et communicatif pour tous les êtres qui habitent le milieu où nous avons la joie de vivre.

Ce tableau idyllique ne doit cependant pas nous faire oublier où nous en sommes. Le chemin à parcourir est long. Une des meilleures façons de mettre à l'épreuve notre nouvelle conscience spirituelle naissante et de renforcer notre capacité d'harmonisation avec notre lumière intérieure, consiste à appliquer dans nos relations avec nos proches la compréhension plus large de la vie que nous découvrons. Ainsi, nous pouvons prendre conscience à quel point l'amour que nous professons pour notre partenaire de vie est souvent conditionnel à ce qui nous satisfait chez cette personne, spéciale à nos yeux : son apparence physique, sa manière de s'habiller, ses talents, son comportement, etc., toutes conditions qui font qu'elle comble nos attentes.

L'expression d'un amour dénué de toute forme de jugement, empreint de compassion et d'acceptation, durable et désintéressé, dans le contexte d'une relation de couple ou envers n'importe quel autre être, est à maints égards semblable à l'amour que Dieu nous porte - selon la conception que chacun de nous a de cet être. Toute relation entre deux êtres humains constitue donc le laboratoire où peut se faire notre propre libération des attaches et illusions qui nous emprisonnent. Notre conjoint peut en effet nous aider à devenir conscient de nos peurs cachées et de nos divers attachements psychologiques et ainsi favoriser notre croissance vers une plus grande maturité intérieure.

Il peut également nous aider à voir nos réactions négatives face aux conséquences de nos rêves illusoires, nous aider à reconnaître nos erreurs et nous éveiller à notre vérité intérieure. En pratiquant le pardon avec notre conjoint, nous apprendrons aussi à nous détacher de la croyance voulant que nos états émotifs, nos colères et nos sautes d'humeur soient causés par l'autre. Nous accepterons alors d'assumer la responsabilité de notre propre détresse et changerons notre perception face à la notion de faute de l'autre, qui n'est après tout rien de plus qu'une banale erreur d'apprentissage d'une personne encore prise au piège de l'illusion - tout comme nous d'ailleurs. De même, cette capacité de pardonner appliquée envers soi-même pourra atténuer tout sentiment de blâme démesuré à son propre égard ou de honte destructrice, et permettra de mieux se comprendre et s'aimer.

 

(4e partie suite et fin)

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